Comment améliorer et patiner la BB 8100 Roco ?
Cette série de machine est largement répandue sur nos réseaux mais depuis sa création dans les années 1980, Roco n’a pas beaucoup amélioré le modèle. Voici plusieurs améliorations à suivre totalement ou en partie pour remettre esthétiquement au gout du jour la version époque III.
Les modèles Roco
Nous traiterons seulement les grandes lignes de leurs caractéristiques, ces modèles étant bien connus des amateurs modélistes. Dès la sortie de boîte, la qualité et l’aspect global de ce type de machine se révèlent à nous. Les lignes sont très bien restituées et la gravure est d’une très grande finesse évoquant tous les détails spécifiques à ce type de machine.
Les vitrages des cabines font apparaître les hublots des dégivreurs très caractéristiques de cette époque. Les bogies sont également très bien reproduits et l’impression de profondeur est tout à fait réelle. La toiture est également à la hauteur des autres éléments composant le modèle. Elle est complétée par les pantographes fonctionnels Sommerfeldt de type G comme il se doit. La livrée est très bien appliquée et les inscriptions très nettes. A noter que la locomotive est livrée avec des plaques SNCF et d’immatriculation en métal photogravé, bien que le modèle soit déjà décoré de ces éléments par tampographie. Sur le plan mécanique, la transmission par ressort que nous avions connue sur les anciennes BB Midi a laissé place à une transmission par cardan comme sur l’ensemble des modèles Roco depuis plusieurs années. Le moteur hélicoïdal entraîne en souplesse la machine et permet de très beaux ralentis ; dommage toutefois qu’un volant d’inertie n’ait pas été installé. Sur le circuit imprimé qui coiffe le châssis, une prise est prévue pour le branchement du décodeur digital. A noter que le châssis a été légèrement retravaillé afin de permettre le logement de ce dernier.
Bref, de superbes petites machines au fonctionnement irréprochable, qui méritent bien que l’on s’y intéresse de nouveau et pour lesquelles notre recette du jour apportera une touche supplémentaire de réalisme.
La BB 8155 Roco au sortir de sa boîte. Le modèle est livré avec quelques pièces de détaillage et plusieurs plaques d’immatriculation.
Un certain nombre de pièces ont été moulées dans du plastique noir et devront être déposées afin d’être repeintes.
Amélioration et patine
La qualité de ces modèles va limiter nos travaux à quelques opérations simples, ne nécessitant aucun investissement important en outillage et se plaçant ainsi à la portée de la majorité des amateurs.
Pour mettre en oeuvre les opérations que nous vous proposons aujourd’hui, nous avons choisi la référence 63650.1 : la BB 8155. Il va sans dire que cette recette sera applicable aux autres références de BB 8100 Roco en version d’origine comme la BB 8105 pour laquelle nous vous donnerons quelques indications sur les éléments la démarquant de sa soeur. Mais assez parlé et entrons maintenant dans le vif du sujet.
La carrosserie : opération de peinture…
Dans un premier temps, nous devrons entièrement démonter notre modèle. Une phase que la conception même des modèles rendra assez aisée. Il suffit pour cela d’écarter légèrement les flancs de caisse pour libérer celle-ci du châssis. Ensuite, nous enlèverons de la caisse tous les éléments rapportés, à l’exception de la ligne de toiture et de ses isolateurs. Ces différentes pièces ont été moulées, pour la plupart dans du plastique noir ce qui n’est pas conforme à la réalité et mérite bien quelques petites touches de peinture dans la teinte appropriée.
Après avoir démonté toutes ces petites pièces rapportées et sorti du sachet de détaillage les éléments à poser par le modéliste, nous allons les trier en fonction de la teinte à leur appliquer. Ainsi, les mains courantes, les mains montoirs, les échelles d’angle de toiture, les trompes d’avertisseur et les supports de lanterne seront peints en vert foncé, de même teinte que la caisse.
Les moteurs des pantographes, les pantographes (après transformation) et les parafoudres recevront une couche de gris foncé pour la BB 8155 et de gris clair pour la BB 8105.
Enfin, le cerclage des phares recevra une couche de peinture aluminium (Humbrol n° 11). La même teinte sera appliquée sur les poignées de porte.
Une fois ces opérations réalisées, nous peindrons en gris foncé la corde à piano qui matérialise la ligne de toiture de la BB 8155. Les points de fixation sur le dessus des isolateurs recevront une pointe de la même teinte. Sur la BB 8105, la ligne de toiture sera peinte en rouge ainsi que les parties supérieures des isolateurs. Après séchage complet, les différents éléments pourront être remis en place définitivement. Nous pourrons rehausser l’extrémité des supports de lanterne d’une touche de peinture rouge vif.
Ultime opération à réaliser sur notre carrosserie : la mise en place des plaques d’immatriculation et monogramme SNCF photogravées.
Avant de les séparer de leur grappe nous devrons les poncer délicatement avec un très fin papier de verre ou une gomme Roco prévue pour le nettoyage des voies. Cette opération fera ainsi apparaître nettement les inscriptions en relief tout en conservant dans les parties creuses la peinture noire appliquée par le fabricant. Cela fait et après les avoir soigneusement détachées de leur grappe, nous les collerons directement sur les inscriptions tampographiées au moyen d’un scotch double face. La même opération sera réalisée pour les plaques de constructeurs également reproduites. Cette méthode permet à la fois un éventuel changement d’immatriculation mais surtout préserve du risque de débordement de colle toujours possible lors de la mise en place de ce type de pièce.
Mise en peinture (vert foncé) des mains courantes, mains montoires, échelles d’angle de toiture, trompes d’avertisseurs et supports de lanternes.
… et un léger voile de patine
Après avoir réalisé ces opérations d’amélioration, nous appliquerons alors essentiellement sur la toiture de notre modèle un léger voile de patine afin de lui donner, comme dans la réalité, cet aspect quelque peu souillé que l’usage et le temps ne manque pas de révéler. Pour cela, un pinceau à gouache, de la terre à décor et du vernis mat en aérosol seront nécessaires. Nous utiliserons pour différentes teintes de terre à décor que nous mélangerons à parts égales afin d’obtenir la teinte la plus appropriée. Dans le cas présent, il s’agira des teintes «ombre naturelle» et «terre de Cassel». Il conviendra pour cette opération de prendre soin de déposer les vitrages ou de les masquer avec un peu de «Mascol» afin d’éviter d’en ternir l’aspect. Cela fait, nous appliquerons la terre à décor au pinceau sur toute la surface de la toiture en insistant un peu plus au centre de celle-ci dans l’axe des pantographes. Il s’agit de teinter la carrosserie avec le pigment contenu dans la terre à décor et non de déposer une couche épaisse de celle-ci sur les surfaces à traiter. Aussi, notre pinceau sera utilisé comme une petite brosse une fois que nous aurons déposé un peu de terre à décor sur la zone à salir. Le surplus pourra ensuite être enlevé avant d’y appliquer un voile de vernis mat, simplement en secouant notre carrosserie ou en soufflant un peu. Afin d’obtenir le résultat souhaité et le degré de salissures voulu, il conviendra de procéder par couches fines successives en renouvelant plusieurs fois l’opération jusqu’à obtenir le rendu désiré. Entre chaque couche, notre travail sera fixé par l’application d’un voile de vernis mat en aérosol. Nous pourrons également appliquer de la même façon un voile de patine plus léger sur le bas des flancs latéraux de la carrosserie, une zone qui ne manque pas d’être souillée au rythme des kilomètres parcourus. Nos photos vous permettront de découvrir les différentes étapes et le rendu final de ces opérations de patine : à vous de juger !
La patine de la caisse passe par l’application de terre à décor au pinceau sur la toiture en insistant un peu plus au centre de celle-ci dans l’axe des pantographes.
Afin de mesurer le résultat, la patine sera appliquée par couches fines successives en renouvelant plusieurs fois l’opération jusqu’à obtenir le rendu désiré.
Amélioration des pantographes
Si les pantographes Sommerfeldt type G installés par Roco sur ces modèles correspondent tout à fait au type monté sur cette série de machines, l’aspect des archets manque de réalisme. Deux choix s’offrent à nous pour rendre ces éléments conformes à ce que présentent les machines réelles : soit changer entièrement les pantographes par des modèles plus fins, soit remplacer uniquement les archets. Nous avons choisi cette deuxième solution qui offre l’avantage d’être la plus économique tout en satisfaisant aux exigences de réalisme que nous nous sommes fixées.
Pour cela, L’Obsidienne propose, sous la référence n°OBS 8005, un kit destiné à ce type de pantographe. Simple à mettre en oeuvre, il métamorphosera réellement l’aspect des pantographes Sommerfeldt d’origine tout en leur conservant leur solidité pour une exploitation sous caténaire alimentée.
Le kit L’Obsidienne se compose de deux archets et de leur embase, les deux éléments devant être soudés ensemble. Afin de faciliter encore le montage des nouveaux archets, nous avons choisi de conserver l’embase d’origine qui est plus rigide que celle fournie dans le kit et permet un bon maintien des pantographes en position basse.
La première phase consistera à démonter la partie supérieure des pantographes. Nous découperons ensuite les extrémités des archets d’origine pour n’en conserver que la partie centrale. Celle-ci sera alors soigneusement limée et les nouveaux archets L’Obsidienne y seront mis en place et définitivement fixés par soudure. Leurs extrémités seront alors recourbées.
Cela fait, les pantographes pourront être remontés et peints, archets compris, en gris foncé (BB 8155) ou en gris clair (BB 8105). Un léger voile de patine sera maintenant appliqué selon la même technique que celle utilisée pour la toiture de la carrosserie de notre machine. Nos pantographes sont maintenant prêts à être remis en place sur la carrosserie de notre machine.
Les archets L’Obsidienne métamorphoseront réellement l’aspect des pantographes Sommerfeldt d’origine. Une couche de peinture grise viendra parfaire l’aspect de l’ensemble.
Vue de détail de la toiture et d’un
pantographe en position basse équipé de son nouvel archet.
Notre BB 8155 vient d’être remontée, ici vue légèrement surélevée permettant de découvrir le rendu de notre travail sur la toiture.
Quelques opérations sur le châssis
Peu de travaux seront à effectuer sur celui-ci, si ce n’est la mise en place d’un mécano dans l’une des cabines et l’application d’un voile de patine sur les flancs de bogies et les traverses de tamponnement. Notre mécano provient de la gamme de personnages assis de la firme Preiser.
Sa mise en place a nécessité quelques opérations chirurgicales afin qu’il puisse être correctement positionnée dans la cabine relativement exiguë. Il sera maintenu en place par une petite pointe de colle.
Nous passerons maintenant à l’application d’un voile de patine sur les bogies. Cette opération nécessitera leur démontage afin de traiter les flancs séparément et donc d’éviter tout encrassage des parties mécaniques et des capteurs de courant. La notice d’utilisation fournie par Roco indique clairement la façon d’effectuer ce démontage qui ne pose aucune difficulté particulière. Une fois déposé, nous appliquerons au pinceau sur cet ensemble un mélange de terre à décor ombre naturelle et terre de Cassel qui sera ensuite fixé par une fine couche de vernis mat en aérosol. Comme pour la carrosserie, plusieurs passages légers seront préférables à une seule couche importante pour obtenir le résultat souhaité. L’on pourra insister sur certaines parties (comme les ressorts) en y appliquant une pointe de terre à décor ombre calcinée, évoquant ainsi un voile de rouille plus soutenu. Précisons ici, qu’il ne sera pas nécessaire sur ces modèles de patiner les flancs des roues qui sont ici dissimulés presque totalement derrière les flancs des bogies.
Le remontage des bogies peut donc maintenant avoir lieu et un petit essai en ligne sera effectué avant la remise en place de la caisse pour s’assurer du bon fonctionnement de l’ensemble. Nous arrivons ainsi à l’ultime étape de notre amélioration avec la mise en place des dernières pièces de détaillage fournies par la marque avec le modèle : les boyaux des freins et les câblots électriques. Ceux-ci seront rehaussés avant la pose de quelques touches de peintures : une point de jaune vif sur les robinets d’air et une touche de rouge vif sur la tête des câblots électriques.
Enfin, nous n’oublierons pas de matérialiser la couche de graisse qui figure sur les tampons en leur appliquant, essentiellement dans la partie centrale, une touche de peinture noire satinée épaissie d’un soupçon de terre à décor terre de Cassel. Ainsi s’achève notre recette du jour et nos travaux d’amélioration de cette belle BB 8155, la transformant ainsi en supermodèle. Une petite marche d’essai sera effectuée avant sa mise en service commercial sur les lignes de votre réseau où elle assurera un service sans faille en tête des compositions les plus variées. Si votre réseau est digital, nous invitons à lire aussi notre article sur la digitalisation des BB 8100 Roco.#
Vue légèrement surélevée de notre machine en tête de son train de charbon.
Infos Mat.
– Terre à décor teintes « ombre naturelle », « terre de Cassel » et « ombre calcinée »
– Vernis mat en aérosol
– Archets Obsidienne réf. OBS8005
– Peintures Humbrol gris foncé n°27 (BB 8155) ou gris clair n°64 (BB 8105), jaune n°24, rouge vermillon n°19, rouge écarlate n°60, noir mat n°33, aluminium n°11, vert foncé n°75 ou 116
– Personnage type conducteur
– Scotch double face
– Pinceau à gouache
A lire aussi, notre article sur la digitalisation et l’amélioration de l’éclairage des BB 8100 Roco