Reproduire l’eau et la végétation d’un étang

Cette pièce d’eau se rencontre géographiquement partout au gré d’une dépression en terre argileuse qui retiendra les eaux de pluies ou de ruissellement. Sur le réseau, il trouvera sa place par ses dimensions modestes (photo 1). Un étang se caractérise par son environnement de fougères, de reines des prés et de digitales. Sur ses bords figurent les plantes, comme le carex et la salicaire. Dans ses eaux poussent des espèces aquatiques, comme le roseau massette, l’iris, le nénuphar, les lentilles d’eau, les laîches et certaines algues (photos 2 à 6).

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La préparation du milieu

P our reproduire cette «dépression », le polystyrène extrudé est le matériau idéal qu’il nous faut. Après avoir déterminé sa forme et sa profondeur (faible), recouvrez-le d’une couche d’enduit qui affinera son aspect et son étanchéité. Le fond de l’étang est à peindre en ombre naturelle et ses bords avec un mélange d’ocre jaune et de terre de Sienne brûlée (photo 7). Un peu de flocage de même teinte conférera un aspect grumeleux très réaliste à l’ensemble.

La limite entre l’eau et la terre ferme est matérialisée par un flocage fin vert (photo 8). Si votre étang est en bordure de réseau ou de diorama, un coffrage est nécessaire lors du coulage de la résine (photo 9).
Un tasseau en bois est fixé provisoirement à l’aide de quelques pointes. Parfaire l’étanchéité, poser un mastic ou, comme pour notre exemple, de la Plastiline qui obstruera les interstices éventuels (photo 9).

La reproduction de la végétation caractéristique

Nous avons le choix pour reproduire la végétation du bord d’un étang. Dans le commerce de nombreuses marques développent des produits de plus en plus réalistes (Busch, Faller, Mini Natur, Noch, Scale- Link, Woodland Scenics, etc.). Nous mêmes pouvons avec des produits simples obtenir un bon réalisme avec cette végétation particulière. C’est ce que nous allons nous efforcer de faire. La marque Scale-Link vous propose depuis quelques années, des planches en découpe chimique de végétaux de bord d’étang (photo 10). Elles sont proposées dans plusieurs échelles dont le H0 : fougères réf. SLF031, plantes aquatiques réf. SLF032 (carex ou laîche, roseaux massettes, nénuphars, digitales,…). A peindre dans divers tons de vert (photo 11) et à mettre en forme avant leur mise en place pour collage à la cyanoacrylate en gel de préférence. A noter qu’à l’échelle H0, les plantes sont très petites et nous vous conseillons de les mettre au premier plan pour apprécier leur finesse. Les carex, les roseaux massettes sont à mettre les «pieds» dans l’eau. Les nénuphars à disposer à la surface de l’eau. Les autres plantes (fougères, digitales et autres) sont à placer en bordure du plan d’eau, les fougères seront les plus éloignées du bord. Vous pourrez compléter par la mise en place de ronces réalisées à partir de la référence Mini Nature 990-23 qui imite bien le côté grandes tiges de ce végétal (photo 12) ; en complément, un flocage fin vert Woodland Scenics fixé à la colle en bombe imitera son feuillage. Les carex ou laîches, peuvent être reproduits soit par la référence «herbes hautes» réf. F177 de Woodland Scenics (photo 13) ou (et) par les herbes Wildgras de Heki sous les références 1573 et suivantes. Le premier exemple doit être coupé en bottes de 4/5 mm de diamètre et de 10 à 15 mm de haut (photo 14). Une extrémité est encollée à l’aide d’une colle Néoprène transparente et immédiatement mise en place sur le bord intérieur de l’étang. Avec le deuxième exemple, il suffit de prendre de petites touffes d’herbes Wildgrass

En réel

2 – Un étang quelque part dans le centre-ouest de la France

3 – Une vue de l’étang plus près avec au premier plan des digitales aux fleurs rouges, puis des laîches sur tous les bords du plan d’eau.

4 – Une légère risée à la surface de l’eau. Au premier plan des laîches.

5 – Plantes non identifiées à la surface d’un cours d’eau calme…

6 – Les iris d’eau vivent en bordure les pieds dans l’eau !

défaites délicatement du tapis principal et de les fixer (même colle) en place à la surface de l’eau (photo 15). Les lentilles d’eau sont des plantes caractéristiques des plans d’eau stagnants ou des rivières au cours très lent. On peut les reproduire facilement à la peinture glycéro (Humbrol, Heller, …). Avant de couler la dernière couche de résine, avec une brosse à pochoir (photo 16), enduit de vert clair (HB 90 ou mélange de blanc 34 et vert 80), tapotez avec légèreté la surface en résine. De petits points s’impriment en imitant les minuscules feuilles bombées des lentilles avec un certain réalisme (photos 17 et 18).
Les nénuphars ou nymphéas sont des plantes qu’il faut absolument faire apparaître sur votre étang et sur tous les cours d’eau calmes. Pour reproduire la forme ronde des feuilles flottantes du végétal, la possession d’emporte-pièces de 3 et 4 mm sont nécessaires ; le travail sera net et bien plus facile à mettre en œuvre. La couleur de la feuille est d’un vert varié tirant vers le jaune ou sur le vert foncé. La fleur peut être blanche, jaune ou rouge, vous avez le choix ! Utiliser une simple feuille de papier à lettre ou d’imprimante, 80 g par exemple. Teintez le papier sur les deux faces, avec une peinture (Humbrol) diluée au white-spirit qui pénètrera dans son épaisseur et qui évitera l’effet disgracieux de l’arête blanche. Une fois le papier sec, découpez vos formes à l’aide des emporte-pièces adéquats (photo 19). N’oubliez pas la petite découpe triangulaire caractéristique du nénuphar que l’on reproduira avec la lame bien aiguisée d’un cutter (photo 20). Si votre dernière couche de résine n’est pas encore complètement sèche (dure, mais encore poisseuse), déposez délicatement, à la pince brucelles, les petits confettis qui viendront se coller naturellement à la surface (photo 21). Dans le cas où votre résine est sèche, une mini goutte de colle contact fera l’affaire pour les fixer.

Le produit Heki Aqua

Pour réaliser l’eau de notre étang, nous allons tester «l’Aqua» de Heki. D’un aspect comparable au Realistic water de Woodland Scenics, sa mise en œuvre est différente du produit américain. Nous avons affaire à une résine à deux composants à mélanger. L’Aqua est conditionné (photo ci-dessous) dans deux flacons séparés : la résine (400 g) et le durcisseur (200 g). Le mélange se réalise dans un rapport de 1 pour 2, c’est-à-dire de deux parts de résine pour une part de durcisseur. Le temps de traitement est d’une trentaine de minutes à température ambiante (20°). On peut couler jusqu’à 30 mm d’épaisseur en une seule fois ! Vous aurez rarement l’occasion de le faire en modélisme ferroviaire. Dans ce pack référencé 3550, vous trouverez une notice en français, des gants (très sympa !) et un sachet de poudre blanche qui vous permet d’épaissir votre résine et de reproduire l’écume de l’eau en agitation, voire des dénivelés. Si «l’épaississant» vient à vous manquer, le fabricant vous le propose en pot de 400 ml sous la référence 3555 !

Le Heki Aqua se colore bien avec les peintures Humbrol et a les mêmes qualités de mise en œuvre qu’une résine classique. Par rapport à une résine traditionnelle, le produit Heki est moins contraignant à mettre en œuvre : mélange de deux parties de résine et d’une partie de durcisseur contre une formule beaucoup plus difficile à obtenir par un dosage à 2% de durcisseur dans le cas d’une résine classique. La résine et le durcisseur de l’Aqua, doivent être mélangés suffisamment longtemps pour éviter les problèmes de non prise dans votre futur plan d’eau. Compter cinq bonnes minutes pour obtenir un mélange homogène et sans risque. Les bords d’un étang sont plus en pente douce qu’une rivière au lit et aux berges verticales bien définis. La dernière couche de résine peut, par capillarité, remonter de quelques centimètres (1 à 3 cm) le bord en pente douce. Dans ce cas, il faudra refloquer pour faire disparaître cette trace disgracieuse.

La coulée de résine

Nous ne coulerons pas en une seule fois le produit, même si cela est indiqué sur la notice. Les réactions chimiques de la résine ne sont pas toujours les mêmes et des couches de faibles épaisseurs limitent les éventuels problèmes. Dans notre cas, nous coulons en deux ou trois couches, la dernière, transparente et très fine, permet l’inclusion d’éléments de décor (barque, nénuphars, herbes diverses, personnages ou animaux, etc.). Mélangez longuement dans un bocal en verre ou dans un récipient en matière synthétique (polypropylène) la résine et le durcisseur dans les proportions indiquées sur la notice du fabricant, ici, deux parts de résine pour une part de durcisseur (photo 23). A ce mélange, ajoutez un colorant du type (Humbrol) qui aura une couleur plutôt sombre ou du moins soutenue. Nous avons choisi un mélange de HB vert 80 et 105 ou bien vert 30 (photo 24). Coulez doucement la résine sur votre surface préparée (photo 25). Nous vous rappelons qu’il est indispensable lors de la préparation et de la coulée de la résine de ne pas fumer et d’aérer votre local. Les vapeurs dégagées peuvent vous incommoder. Entre deux coulées, laisser sécher 24 heures. Ce temps peut paraître long, mais avec cette durée, vous ne prendrez pas de risque. Après deux à trois coulées «colorées » vous pourrez poser les éléments comme décrit plus haut. La dernière couche restera sans addition de colorant (photo 26). L’eau d’un étang est généralement calme, plate. Néanmoins, on peut évoquer une risée (petites vagues de surface provoquées par le vent). Surveillez le séchage, avec l’air chaud d’un sèche-cheveux ou d’un décapeur thermique, soufflez sur la surface de la résine en cours de prise, des rides se forment petit à petit. Votre étang est maintenant prêt à recevoir, vos poissons, vos oiseaux et vos pêcheurs / chasseurs ! #

Jean Pierre Laurent

Jean Pierre Laurent

Ancien rédacteur en chef (1992-2019), spécialité décor