Voici un extrait \"brut\" de mon texte, chapitre sur les \"fiches de commande\".
3. Fiches de commande
Le cœur du système est un ensemble de fiches inspirées par la pratique nord-américaine dont j’ai été abreuvé au fil de 40 ans d’abonnement à la revue Model Railroader. Le principe de base « américain » (je l’appellerai ainsi pour le différencier de celui que j’utilise) est de créer un ensemble de « fiches wagons » (ou fiches de route). Chaque wagon sur le réseau est accompagné d’une telle fiche qui précise son type, sa compagnie propriétaire, son immatriculation, etc. ainsi que le ou les trajets auxquels ce wagon est affecté. Dans les systèmes les plus avancés une telle fiche peut servir pour différents trajets ou services (jusqu’à quatre) et n’a donc jamais besoin d’être séparée de son wagon.
C’est donc le système par lequel j’ai commencé. Mais je l’ai assez vite abandonné parce que je lui trouvais trop de défauts (dans le contexte de mon propre réseau, il convient de le préciser). Pour plus de détails sur ce genre de système vous pouvez lire le hors série d’été 2012 de la revue américaine Model Railroader : \"How to operate your model railroad », publié chez Kalmbach Publishing Co. (voir en particulier pages 24-31)
En premier lieu chaque wagon sur le réseau doit être accompagné de sa fiche. Cela veut dire qu’il faut établir une fiche par wagon : plutôt brutal comme démarrage ! Je m’étais donc limité à une trentaine de wagons dans un premier temps.
Ensuite ce système est tout à fait justifié si tous les wagons restent en permanence sur le réseau. Dans mon cas ce n’était absolument pas possible par manque de place. La plupart de mes wagons sont (soigneusement) rangés sous le réseau. Ce qui signifie que pour former le train 4600 de desserte, une fois qu’on a tiré un certain nombre de fiches d’un paquet de réserve, il faut aller à la pêche au wagon correspondant à chacune d’elles, avec loupe grossissante pour lire correctement l’immatriculation des wagons susceptibles d’être le bon. Et cela même si les wagons sont classés et rassemblés par type ou par catégorie (j’ai par exemple plus de cinquante wagons couverts à parois coulissantes de type Hbbis dont pas moins de quatre norvégiens assez similaires). Inutile de faire un dessin sur les joies que procure ce genre d’activité !
Je ne ferai qu’évoquer une autre joie, celle de faire circuler son train (et d’effectuer les manœuvres) avec un paquet de fiches dans la main. Avec le boîtier de commande de la loco dans une main, la spatule de dételage dans la deuxième, il m’en manque cruellement une troisième pour manipuler la paperasserie !
Et enfin, dernier inconvénient, plus philosophique que pratique : s’il peut sembler réaliste de faire suivre chaque wagon par sa fiche de route, le fait de sortir ces fiches d’un paquet plus ou moins au hasard pour déterminer le trafic à acheminer ne l’est à mes yeux pas du tout. Ce n’est pas le client qui va choisir le wagon dont il a besoin. Le type, oui (on ne va pas lui livrer un wagon couvert quand il a commandé un wagon citerne) mais ensuite c’est en fonction des disponibilités (dans le cas d’un wagon vide par exemple) que tel ou tel autre wagon spécifique lui sera livré.
Partant de ces constatations, j’ai développé mon petit système personnel en remplaçant les « fiches wagon » par des « fiches de commande », système inspiré par le livre d’Ulrich Lieb, \"Richtig Rangieren\", publié chez transpress Verlag en 2006 (voir le chapitre 8, \"Das Wagenkartensystem\" et plus particulièrement la section \"Adaptiertes Wagenkartensystem\" page 147). Ainsi une fiche fait correspondre à un client (tel que Påkar Bells) un type de wagon déterminé (par exemple un couvert Hbbis, comme dans l’exemple illustré dans la photo suivante) et non pas un wagon à une mission spécifique.
Ce système me semble mieux correspondre à la réalité, et lorsqu’une commande est renouvelée (fiche tirée à nouveau) ce ne sera pas nécessairement le même wagon qui sera utilisé : la photo montre sur la gauche les différents wagons affectés à cette commande au fil du temps, identifiés par les 4 derniers chiffres de leur immatriculation. De plus, elle n’a pas besoin de suivre le wagon au cours de ses pérégrinations : un autre dispositif, pastille de couleur, est utilisé pour indiquer la destination de chaque wagon. Plus de lourde paperasserie à se trimbaler d’un bout à l’autre du réseau !
Etant donné l’importance accordée à ces fiches, elle sont décrites en détail dans le paragraphe suivant en se basant sur l’exemple donné ci-dessus.
3.1. Description détaillée
Les fiches sont au format 10x15 (je passerai sans doute un jour au format A6, légèrement différent, mais tant que dure mon stock de fiches Bristol 10x15 j’utilise celles-ci) dont face avant comporte 3 zones fonctionnellement distinctes. Il n’y a rien au dos de la fiche, mais il n’est pas exclu de l’utiliser une fois le recto totalement rempli.
Tout en haut se trouve un bandeau horizontal en couleur : la couleur correspond à celle de l’embranchement particulier sur lequel le wagon doit être livré. Sur ce bandeau on trouve, de gauche à droite, le numéro de série de la fiche, le nom du client avec entre crochets le code de l’embranchement qu’il occupe, et tout à fait sur la droite le type de wagon à livrer.
Le « numéro de série » de la fiche peut sembler être un luxe ou un élément de vanité. Il n’en est rien, cela permet de retrouver très facilement chaque fiche sur l’ordinateur, dans le fichier Word où elle a été créée et où elle figure en compagnie de toutes les autres, dans l’ordre, entre les fiches 038 et 040. C’est fort utile si je dois réimprimer la fiche en question parce qu’elle est pleine ou parce que j’ai modifié quelque chose (le type de wagon à livrer par exemple, ou la grille d’acheminements que nous examinerons plu loin).
La deuxième ligne de la fiche est réservée au chargement, précisant sa nature lors du voyage Aller (de la coulisse jusqu’à Lomfjell) et lors du voyage Retour (de Lomfjell vers la coulisse). Pour l’instant ces informations ne sont guère utilisées. Elles font riche, plus sérieux et plus réaliste… Mais il n’est pas exclu d’en tenir compte à l’avenir, par exemple pour réutiliser un wagon déchargé (donc vide) pour une autre commande qui nécessiterait un wagon vide sur place. Cela fait un wagon de moins à acheminer par le train 4600, tandis que déplacer un wagon d’un bout à l’autre de la gare (par exemple de l’embranchement 24, Påkar Bells, au 23, Armataffet) est parfois loin d’être évident ! Essayez en vous aidant du schéma de Lomfjell donné au début, et n’oubliez pas que la voie 2 est en grande partie occupée par la rame du train 4600 !
L’essentiel de la fiche est occupé par la grille d’acheminements qui se développe sur 7 colonnes et 12 lignes (plus celle de titres). Chaque ligne correspond à un emploi de la fiche, soit 12 au maximum, mais comme nous le verrons ultérieurement, cela représente une durée considérable se mesurant en années. Chaque colonne, par contre, a un rôle spécifique. De gauche à droite on a :
– L’identification du wagon utilisé (immatriculation et organisme titulaire).
– V0 : date (journée d’exploitation) à laquelle la fiche est tirée et sortie de la réserve.
– L0 : date d’arrivée du wagon sur son embranchement destinataire à Lomfjell.
– L1, L2 : dates éventuelles au cours desquelles le wagon reste sur place.
– V1 : date de retour en coulisse et de rangement du wagon.
– Note : remarques ou commentaires en cas de besoin.
Comme le montre la photo ci-dessus, certaines cases des colonnes L0, L1 et L2 peuvent être hachurées. Cela signifie que ces cases ne sont pas utilisées. Dans l’exemple illustré, sur la première ligne seule la case L0 est libre : cela signifie que le wagon ne restera qu’une seule journée à Lomfjell avant de retourner en coulisse. A la ligne (et la commande) suivante, les cases en colonnes L0 et L1 étant libres, le wagon restera deux jours avant d’être enlevé pour rejoindre la coulisse. Dans certains cas limites (voir la sixième ligne de l’exemple) les trois cases L0, L1 et L2 sont hachurées : cela peut être considéré comme une annulation de la commande et le wagon ne sera donc même pas livré ce jour-là.
En résumé le but de ces cases hachurées est d’engendrer des variations dans la gestion de ces commandes, leur donnant ainsi un caractère plus naturel (ou réaliste). Cela évite aussi qu’une certaine routine ne s’installe, accompagnée d’une périodicité trop marquée des commandes. Le résultat en serait assez vite une monotonie et un ennui redoutables.