Bonjour,
Maintenant que je suis condamné à brûler sur le bûcher avec les hérétiques et les ayatollahs, je peux continuer à mettre de l’huile sur le feu et dire ce que je pense.
On vit dans un monde où tout évolue, le téléphone portable nous a envahi en quelques années, les écrans de télé CRT disparaissent au profit des écrans LCD et plasma, la TNT remplace rapidement la télé analogique.
Cela ne veut pas dire que les anciens systèmes ne valent rien, cela veut simplement dire que les nouveaux présentent des avantages qui leur permettent de s’imposer rapidement.
Concernant le train miniature, cela pourrait être la même chose, mais le monde des modélistes ferroviaires est loin d’être ouvert au progrès technique ;
c’est un monde très attaché à ses traditions dans lequel les techniques modernes sont regardées avec beaucoup de suspicion et peu d’engouement. C’est un monde de nostalgiques refusant d’aller de l’avant. Pour s’en convaincre il suffit de regarder comment beaucoup d’amateurs rejettent l’époque V ; pour beaucoup le train s’arrête avec l’électrification des lignes
Désolé pour ceux qui n’aiment pas l’entendre dire mais je considère que les techniques de commande analogique pour train miniature sont des techniques anciennes, totalement dépassées et bonnes pour le musée. La technique d’aujourd’hui est digitale ; c’est l’étape suivante qui rend désuète l’ancienne technique de la même façon que la TNT rend progressivement désuète la bonne vieille télé analogique.
On peut aimer les vieilles techniques ; moi-même je les aime pour ce qu’elles représentent. J’ai encore dans mon garage une voiture de 1980, je continue à l’entretenir et je la sors de temps à autre mais je ne dirai jamais qu’elle est techniquement au goût du jour. Ma plus vieille locomotive date de 1948, elle roule toujours, mais je la regarde comme une pièce de musée comme toutes ses sœurs que je possède encore et qui datent des années 1950 à 1990 ; moi aussi j’ai une cinquantaine de machines analogiques, je les considère comme des pièces de collection.
Pour illustrer un avantage du digital, je vais prendre un exemple.
Parmi mes pièces de musée, j’ai une vieille 68000 Fleischmann avec un très bon moteur annulaire datant des années 60, ce moteur est silencieux, puissant avec beaucoup de couple, par contre devant un feu de circulation quand celui-ci passe du rouge au vert ou vice versa les démarrages et les arrêts sont un peu brutaux. En analogique cette 68000 arrache aisément en pente une rame de 10 voitures, mais un coup sur deux un attelage sort de son boîtier NEM au démarrage.
Je prends ma 68000, j’y installe un décodeur digital à 30 Euros, je règle l’accélération et le freinage, la vitesse maximale, le compensation de charge et j’ai une machine qui quoiqu’il arrive accélère et freine progressivement, s’arrête sur une distance choisie, monte et descend à vitesse constante. Et pour cela je n’ai pas eu besoin de truffer le réseau de coupures et de modules électroniques en tout genre.
Inutile de rappeler qu’en plus je peux piloter cette machine de façon totalement indépendante des autres machines présentes sur le circuit.
Si vous n’y voyez aucun intérêt, vous pouvez arrêter de me lire si ce n’est pas déjà fait.
Est-ce que ma machine est devenue techniquement la machine idéale ?
Je pourrais dire oui, un bon moteur, de la puissance à revendre et en plus de la souplesse, c’est génial ….
Enfin presque, mais moi pauvre technicien du dimanche toujours insatisfait, je ne suis pas 100% content, pourquoi ?
En fait le moteur bien que très bon ne me plaît plus totalement : il est gros, encombrant, consomme beaucoup et sa grosse inertie empêche la compensation de charge de fonctionner au mieux. En plus mon décodeur contient un convertisseur digital-analogique qui est vulnérable (c’est toujours cette partie qui lâche dans un décodeur), qui bouffe inutilement de l’énergie, enfin bref je ne trouve pas la solution très élégante.
Alors je me dis : « pourquoi ne pas remplacer ce vieux moteur des années 60 pour y mettre un moteur moderne, un brushless par exemple ? »
L’intérêt que j’y vois en modélisme ferroviaire:
1- Il est très petit et puissant, une motorisation
unique peut être optimisée et utilisée aussi bien dans un petit yoyo que dans une Big Boy avec pratiquement aucune adaptation.
2- C’est un moteur digital, ce qui en fait le moteur idéal pour être connecté à un décodeur digital ; on élimine la partie fragile du décodeur (transistors analogiques de puissance).
3- La compensation de charge est implicite dans la technique de contrôle, tant que le moteur ne décroche pas, il tourne exactement à la vitesse qu’on lui impose quelque soit la charge et le profil de la voie sans rien rajouter, ni régler au niveau du décodeur.
4- il consomme beaucoup moins, il y a donc moins d’intensité dans les roues et les contacts de prise de courant ; les rails, les roues et les contacts souffrent donc beaucoup moins
5- comme il consomme moins, on peut faire tourner plus de trains avec un transfo d’une puissance donnée
6- un brushless et son contrôleur sont pratiquement increvables, je n’ai jamais vu un disque dur d’ordinateur crevé parce que le moteur ne fonctionnait plus. Et si par hasard il venait à mourir, ce n’est pas plus dur à remplacer qu’un moteur classique.
7- Un constructeur intelligent pourrait même proposé des kits moteur/décodeur appairés qui grâce à leur petite taille seraient faciles à adapter par un bricoleur sur n’importe quelle machine.
8- C’est un moteur respectueux de l’environnement car construit avec peu de matière première, économisant l’énergie, ne nécessitant aucun entretien (pas de balais à remplacer) et de durée de vie bien supérieure aux autres moteurs.
Je suis désolé, mais je lui trouve pas mal de points positifs et intéressants.
Maintenant il y a quand même un inconvénient, et oui je suis honnête, je n’omets pas d’en parler.
Un brushless est un moteur conçu pour le digital, il n’est pas destiné à fonctionner en analogique.
Il faut que l’électronique soit alimentée et fonctionne correctement dès les premiers volts dans les rails et avant que le moteur ne soit alimenté, ce n’est pas le cas en analogique. De plus avec tous les types d’alimentation (courant redressé simple, courant redressé filtré, courant redressé filtré et stabilisé, courant haché haute fréquence, courant haché basse fréquence, ….) qui foisonnent sur le marché, c’est un pur suicide de le proposer aux amateurs d’analogique, c’est à coup sûr aller au casse pipe.
Ne cherchez pas plus loin pourquoi Trix arrête de le proposer
Simplement le brushless est un moteur digital et ne présente pas (ou peu) d’intérêt en analogique. On peut évidemment bidouiller quelque chose, mais je n’y vois aucun intérêt ; ce n’est que du bidouillage pour pouvoir vendre.
Donc je suis 100% d’accord pour dire que pour l’amateur qui roule en analogique, c’est totalement inutile.
On doit choisir, soit on garde sa vieille télé CRT analogique et on roule avec un moteur classique (Roco, Fleischmann, Hamo, …) et une commande analogique, cela marche très bien, soit on passe à la TNT avec écran plat et on roule avec un brushless et une commande digitale, cela marche mieux.
En gros, on s’encroûte dans ses habitudes ou on décide de vivre au 21ième siècle.
A chacun de choisir et sachez que je comprends très bien les deux approches; je les respecte l'une comme l'autre, mais je regrette qu’il y ait si peu d’amateurs de trains miniatures attirés par les techniques modernes.
Bonne journée.