IVAX a écrit :Autre "question" , Kingsbridge ayant racheté Marklin à la Famille , Marklin devait trainer à l'époque une ligne de crédit , au moins temporaire , sinon constante .
A l'époque il n'y avait pas eu de mesure de mise en redressement ou déclaration d'insolvabilité , ni quoique ce soit dans le genre .
Il s'agissait d'une demande d'élargissement du capital - la famille cherchait un partenaire désireux d'entrer dans le capital de Marklin - qui s'est transformée en rachat pur et simple...une sorte de mini "OPA amicale" ( qui a faillit se transformer en "OPA hostile" d'ailleurs..ceci est une autre histoire ! ) .
Quel était le montant et les conditions d'ouverture de cette ligne de crédit à l'époque ? A t'elle été entre temps "rachetée" , je crois me souvenir que dans les conditions de ventes étaient précisées des conditions de rachat partiel des crédits .
Ceci afin de démontrer que le passif de Marklin jusqu'alors couvert par la garantie bancaire peut avoir des origines variées et diverses . On n'a aucune info à ce sujet .
Pour moi qui suis peu familiarié avec la terminologie économique & financière , la difference entre de la "bonne dette" et de la "mauvaise dette" se définit plutôt comme :
dettes liées à des investissements productifs ( bonne) et dettes liées à comptes d'exploitation déficitaires ( mauvaise) et/ou un résultat net negatif....
A travers les déclarations , je n'ai qu'une seule certitude : il y a une part de mauvaise dette . Pour quelle part ? je n'en sais rien .
Bonsoir à tous,
Si je puis me permettre quelques éclaircissements... Et merci au gnome pour le lien vers des explications certes un peu techniques mais juste sur les postes dettes.
Il n'y a pas proprement parler de bonnes dettes et de mauvaises dettes.
Pour essayer de faire simple, on distingue plusieurs grandes masses dans un bilan financier.
D'une part le "haut" de bilan, composés de postes stables : les actifs immobilisés d'un côté (fonds de commerce, brevet, immobilier, machine, etc, ... jusqu'aux participations financières dans d'éventuelles filiales) et le passif de l'autre côté avec les fonds propres (capital social + diverses réserves quand il y en a + résultats) et les dettes à long et moyen terme en passant par les quasi fonds propres.
Dans un monde idéal, la somme des fonds propres + les dettes MLT (moyen long terme) qui constituent les capitaux permanents sont supérieurs à l'actif immobilisé : la différence alimente un fond de roulement qui en l'occurrence serait alors positif.
Pour traduire de façon très simple, pour créer une activité et acheter les biens durables et relativement stables dont je vais avoir besoin, je mets du pognon sur la table en quantité suffisante et éventuellement j'en emprunte à long terme (les dettes à long terme finance les biens à long terme)... et il peut éventuellement m'en rester même un peu pour faire tourner la boutique.
Passons au "bas" de bilan, qui concentre les postes "liquides" : d'un côté, ce qui est du à l'entreprise à court terme (les clients entre autres) et ce dont elle dispose (stocks, encours de production, les valeurs en banques quand il y en a) et en face, au passif, ce qui est du à court terme (la part des dettes MLT payable dans l'année), l'argent du à l'Etat (charges sociales, impôt...) les fournisseurs, les salaires...
Dans un monde super idéal, l'argent qui vous est du à court terme rentre plus vite que ce que vous devez à court terme ; comme en plus, vous avez une marge de manœuvre positive issue d'un fond de roulement positif en haut de bilan, votre tréso est donc positive et couvre votre besoin en fonds de roulement : c'est le paradis...
Evidemment, tout n'est pas toujours aussi bien goupillé et c'est là que les banques et autres établissements financiers entrent en jeu pour répondre aux besoins des entreprises.
Car nombres d'entres elles ont un premier souci avec une insuffisance de fonds propres ; si on ajoute à cela que l'argent qui leur est du rentre moins vite que ce qu'elles doivent, on est assurément dans une situation où elles vont avoir un besoin de trésorerie qui n'est pas naturellement couvert par leurs cycles d'exploitation.
Parmi les multiples solutions plus ou moins sympas, choisies, subies...
- remettre de l'argent en haut du bilan ; augmentation de capital par exemple... avec l'entrée d'un nouvel actionnaire qui peut avoir des allures de loup dans la bergerie
- en remettre au 2ème étage, au poste dette MLT pour autant que cela ait du sens et permette à l'entreprise des investissements qui par exemple visent à accélérer les livraisons et être payé plus vite et à être en situation de pouvoir renégocier ses dettes court terme (CT) pour négocier des délais de paiements plus long par exemple...
- mobiliser son poste client : techniques qui consiste à "rendre liquide" cette richesse que sont les encours clients en attente de paiement ; on peut par exemple confier la gestion de son poste client à un factor qui va vous acheter vos factures moyennant commission et vous régler immédiatement les montants dus par vos clients : ainsi fait, plus besoin d'attendre 30 ou 60 jours voire plus, vous avez le fric tout de suite.
- les crédits courts termes auprès des banques : ils peuvent reposer sur les encours clients aussi ; en remettant à l'escompte les traites de vos clients, vous récupérez du cash... si on est solide et que la banque a accepté de prendre le risque, on peut même bénéficier d'un découvert sans contre garantie...
Je vous épargne les détails et les mille et une facettes de ces interventions mais grosso modo on en revient toujours aux mêmes : une entreprise à souvent besoin de s'endetter pour se développer et faire tourner sa boutique : elle n'aura de cesse de courir après le cash et de trouver tous les moyens d'en générer pour sécuriser cet endettement et assurer son développement.
Au dessus de tout cela viennent les fameuses opérations de haut de bilan qui font tant transpirer les banques d'affaires en ce moment.
On a développé depuis une 20taine d'année des techniques financières qui pour faire très court ont tenté de démontrer qu'il fallait vraiment être con pour payer cash un bien quand il est aisé de démontrer qu'on est bien plus gagnant en empruntant et en gardant son cash par devers soi (surtout si en fait, on n'a pas de cash, arf !!) ; cherchez sur le net les histoires d'effets de levier et les LBO on MBO (leverage buying out).
Je ne sais pas ce qui s'est passé pour Marklin mais je peux vous décrire pourquoi un certain nombres d'entreprises aujourd'hui sont au bord de l'explosion en plein vol.
Pour faire ce type d'opération, typique en cas d'acquisition et/ou d'entrée d'un fond et/ou de sortie de capitaux familiaux, on créé une structure juridique qui devient propriétaire de votre société car vous lui vendez. Pour qu'elle puisse payer ce bien, elle fait un grrrroooooos emprunt aux formes assez complexes : plusieurs étages, avec des parties où on ne rembourse que les intérêts, d'autres où on rembourse un montant important x années plus tard, d'autres avec un amortissement classique, etc...
Le montage tient sur le fait que la société rachetée va cracher suffisamment de cash pour rembourser ce gros emprunt par remontée de dividendes auprès des fameux actionnaires chez aux facteurs de Neuilly. Ces schémas sont parfois si gourmands que l'entreprise qui subit le rachat se trouve sous une pression d'enfer et voit partir tous ses résultats "en haut", la privant même de cash pour lui permettre d'assurer son bon fonctionnement.
Tant qu'on est en croissance, ça passe... quand la machine se grippe, on va vite à la cata.
On commence par voir l'entreprise multiplier les solutions pour générer du cash en bas de bilan pendant qu'elle fait remonter tous ses résultats pour payer le holding propriétaire.
Puis, on entend parler (discrètement) de renégociation de cette opération, tout simplement parce que sous l'effet de la crise, avec un chiffre d'affaire et des résultats qui plongent, la boite ne plus payer l'opération et le LBO est au bord d'être planté. Le bras de fer qui s'engage alors est saignant : le fonds d'investissement qui voudrait récupérer son pognon, les banques qui ont consenti les prêts, l'entreprise qui parfois se considère encore en position correcte et qui aimerait juste qu'on lui redonne un peu d'oxygène et qu'on arrête de la saigner comme un goret.
La situation de nombreux LBO est extrêmement préoccupante un peu partout aujourd'hui. D'autant plus que généralement, on prévoit dans ce type d'opération des "covenants" qui déterminent des critères à respecter et des seuils à observer ; et si vous sortez du rang, en étant moins rentables que prévu par exemple, vous pouvez par exemple être confrontés à une demande de remboursement anticipée de l'emprunt que vous aviez souscrit. Vous allez me dire que cela ne fait qu'aggraver le problème et je vous dirais que les gars assis autour des tables de ce type d'opération ne sont pas des pieds tendres if you see what I mean.
Quand on est une très grande boite, on demande une notation par l'une de ces fameuses agences de notation internationale (Moody's, S&P...) : si ces gens considèrent par exemple que Marklin Machin va connaître des difficultés sérieuses en 2009, ils dégradent la note et là paf, la structure des emprunts souscrits est modifiée et tout peu se casser la gueule comme un château de carte... Et là vous allez me dire que le système est décidément bien conçu pour mettre en marche des cercles vicieux aggravant et là je vous répond que je préfère fermer ma gu... plutôt que de vous dire tout ce que je pense de tout cela en ce moment.
Bref, l'échec des négos autour de ce type de difficultés se traduit souvent par une procédure collective.
J'ai été très long parce que tout cela est très compliqué et que projeté à l'échelle mondiale vous avez là une partie des clés du bordel inouï actuel dont je vous garantie que vous n'assistez qu'au début, désolé...
Encore une fois, je ne sais pas ce qui se passe en détail chez Marklin ; mais quand je vois de ci de là qu'il y a eu un fond, la sortie organisée du capital familial et un endettement conséquent, cela me parait hélas d'une grande banalité en ce moment. Trop de dettes et un chiffre d'affaires et une renta en baisse qui ne permettaient plus de générer le cash nécessaire pour et rembourser les dettes MLT probablement assorties de covenants et subvenir aux besoins d'une trésorerie qui s'était certainement très dégradée.
SI TEL EST LE CAS, toute considération sur l'état de santé de la ou les banques en face est pipeau : les problèmes de la banque allemande s'expriment en milliards d'euros ; une dette de 50 M€ ne pèse rien dans leurs histoires.
En revanche, dans le climat actuel, je ne peux que témoigner du fait que nous sommes extrêmement vigilants et que nous réagissons vite face aux difficultés des entreprises.