Lecteur assidu depuis quelques années, le Forum m’a permis, non seulement de compléter mes connaissances et ma documentation, mais également de combler une partie du manque auquel j’étais confronté depuis longtemps. Jusqu’à présent je n’avais pas eu matière à intervenir et ce moment est, me semble t-il, maintenant arrivé. Mais, auparavant, permettez-moi de me présenter avant de vous exposer ma « démarche ferroviaire ». Je m’excuse de cette redondance auprès des membres de ce forum qui sont également membres du forum de Loco-Revue.
J’ai 71 ans et suis en retraite depuis 6 ans. Adolescent, j’ai pratiqué l’aéromodélisme et j’espérais reprendre cette activité après mes études et mes débuts dans la vie. Un jour je suis rentré dans un magasin où un superbe réseau Märklin avait attiré mon attention. Le commerçant m’a longuement expliqué sa passion, la construction du réseau, son fonctionnement, les différents matériels, etc. Plus tard, j’eus l’occasion de voir d’autres réseaux, notamment « Féerie du rail » qui m’a enthousiasmé à l’époque. Alors, envolé l’aéromodélisme (sans jeu de mots)…
J’ai exercé un métier passionnant mais très exigent, ne laissant que peu de loisir en dehors de celui consacré à la famille. Ajoutons à cela cinq déplacements professionnels tant en France qu’à l’étranger, des résidences rarement adaptées au modélisme ferroviaire et vous comprendrez pourquoi j’ai « rêvé » pendant 35 ans. Au cours de ces années, j’ai accumulé une documentation importante (livres, fascicules, catalogues, photos, abonnements à Loco-Revue et à RMF, etc.) soigneusement rangée dans des cartons que je trimbalais dans tous mes déplacements, et, au fil des années, il y en a eu un certain nombre. C’est ainsi que je me représentais mon futur réseau. Je le construisais théoriquement à travers mes lectures, le modifiant sans cesse au cours du temps et de l’évolution des techniques, sans jamais avoir une loco ou même un seul rail et cela jusqu’à la retraite.
Ma nouvelle vie a débuté par la recherche d’une résidence « adaptée ». C’est le cas de le dire, car, après quelques mois, j’ai trouvé une maison « autour d’un grand grenier ». Les travaux indispensables (ou plutôt jugés comme tels par madame) exécutés, il m’a fallu organiser et réaliser ceux qui m’étaient absolument nécessaires (nettoyage du grenier - sale et très encombré, isolation et lambrissage de la toiture, réagréage du sol et pose d’un lino, électricité, isolation des murs et peinture).
Même si, au fil du temps, je rêvé d’un « certain » réseau, celui-ci n’avait en réalité pas de dimensions précises (ne sachant pas de quelle place je pourrais disposer le moment venu), ni de forme bien définie (puisque j’en modifiais continuellement le schéma), il me fallait, maintenant que j’avais un grenier de 11 x 4,5 mètres, concevoir réellement mon réseau. C’est alors que je m’aperçois de l’extrême difficulté à manipuler et à exploiter mon importante documentation. Très vite je renonce à effectuer des recherches dans les tables des matières des différentes années et décide de tout reclasser. Les pages de tous les numéros de LR et de RMF sont dégrafées afin d’être reclassées par thème (après avoir, quand cela s’avérait nécessaire, photocopier le recto ou le verso pour un classement différent). C’est ainsi qu’à ce jour j’ai 22 gros classeurs regroupant plus de 12 000 pages abordant tous les sujets du modélisme ferroviaire. Ce classement qui a duré quelques mois n’a pas été du temps perdu. Cela a, en quelque sorte, constitué une remise à niveau de mes connaissances (totalement livresques), m’a permis de mieux préciser les grandes lignes de mon projet et de pouvoir trouver très rapidement l’information désirée au moment voulu. Certes beaucoup de pages sont obsolètes (c’est inévitable en 35 ans) mais il est aussi très intéressant de voir l’évolution des techniques et des matériels.
C’est ce qui explique que contrairement à la pratique habituelle, j’ai commencé par déterminer le mode d’exploitation. Dés le départ j’élimine le système classique, à mon avis dépassé. Malgré ses avantages indéniables, je n’ai pas été emballé par le digital que je trouve, non seulement relativement complexe dans son fonctionnement général, mais qui me pose un problème quant à la minutie nécessitée par l’équipement des locos. Par contre j’ai été séduit par la « simplicité » du système de Pégase Informatique (j’ai 71 ans et je n’ai plus envie ni le temps d’aborder et de me former à des techniques que je juge complexes, telle que la « rétrosignalisation »). Avant d’adopter définitivement Driving-Railway (DR), j’ai réalisé le petit circuit de démonstration préconisé par Pégase et ai pu ainsi me familiarisé avec son fonctionnement. Je tiens d’autre part à signaler la qualité de l’accueil, du conseil et du renseignement de Pégase dont j’ai usé (et peut-être même abusé), à de nombreuses reprises. Ce système au câblage simplifié mais totalement informatisé a, me semble t-il, peu d’adeptes, surtout parce que c’est un système propriétaire unique, ce qui n’a pas empêché certains clubs de s’en équiper. En ce qui me concerne, il me paraît mieux adapté à ce que je voudrais réaliser. Ce qui ne veut dire que j’avais déjà décidé du thème du réseau. En fait, je savais ce que je ne voulais pas, ou plutôt ce que je ne pouvais pas faire.
Même si j’apprécie énormément tout ce qui procède du domaine artistique, je n’ai aucune aptitude en la matière et j’estime que le décor ferroviaire demande des « qualités artistiques ». Mon esprit, très géométrique, ne sait pas harmoniser les formes ni combiner les couleurs pour créer un paysage. D’autre part, au risque de heurter certains, je trouve que nombre de réseaux classiques « manquent de réalisme ». De même, un dépôt vapeur constitue pour moi une création artistique que je suis totalement incapable de réaliser. A ce stade, il ne reste plus grand-chose comme thème de réseau. Sauf peut-être, celui d’une gare de passage d’une ville de moyenne importance telle que Perpignan où je réside depuis ma retraite.
Perpignan (100 000 habitants) est situé sur la ligne Montpellier-Barcelone (via Narbonne et Cerbère). Quelques visite en gare de Perpignan, caractérisée de « centre du monde » par Dali m’ont permis d’en apprécier l’important trafic. En outre à 5 km, Perpignan-Roussillon constitue un vaste et moderne complexe de marchandises. En conséquence, le thème de mon réseau sera donc d’évoquer, dans l’immédiat, le trafic passant par la gare de Perpignan, avec une extension possible future sur le complexe de marchandises. C’est là que DR prendra toute son importance en permettant de réguler le trafic en fonction d’un horaire préétabli, mon objectif étant de faire évoluer une quinzaine de trains au minimum. D’autre part, pensant avoir des contacts intéressants et bénéficier de conseils éclairés et efficaces, je me suis rendu, il y a quelques années, lors d’un week-end porte ouverte, au club modéliste de Perpignan. Mais là, grande déception : pas d’accueil eu égard à la circonstance, un réseau intéressant mais très classique et totalement installé, une ambiance relativement « âgée » et assez fermée, une certaine indifférence de la personne à laquelle j’exposais mon projet (l’informatique n’étant pas particulièrement apprécié, d’après ce que j’ai compris), mais je pouvais venir faire circuler mes locos, ce qui ne m’intéressait absolument pas car, non seulement je n’avais pas de loco mais surtout ce n’était absolument pas mon objectif. C’est pourquoi j’ai continué mon chemin tout seul, avec mon inexpérience (ça, ça ne me fait pas peur car, je suis déjà passé par là), des problèmes à analyser et à résoudre (ça, j’adore) et, je n’en doute pas, la satisfaction d’entreprendre et de mener à bien quelque chose qui me plait, même si le résultat n’est pas toujours parfait
Le grenier (rectangulaire de 11 x 4.5 m.) ne présente qu’une seule véritable contrainte : la hauteur de chaque mur de la largeur n’est que de 1 mètre. Donc en laissant 50 cm. De chaque côté, je peux raisonnablement envisager de fixer à 106 cm. la hauteur du plateau. Actuellement, mais c’est maintenant beaucoup trop tard, je m’aperçois que j’aurais pu augmenter cette hauteur de 10 cm. La conception du réseau m’a demandé plusieurs mois. J’ai commencé par voir et revoir à plusieurs reprises les trois gros classeurs de réseaux en les reclassant selon l’intérêt partiel ou total qu’ils pouvaient présenter pour mon projet et en notant les idées qui pouvaient me servir. Après de multiples esquisses et schémas je me suis arrêté sur le schéma ci-dessous, car il faut bien se décider à un moment donné, faute de quoi on est toujours dans la prospective.
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[img]http://nsm01.casimages.com/img/2008/11/03//mini_081103022243453522699107.jpg[/img][img]Comme je l’ai déjà indiqué, le réseau est totalement centré sur une évocation du trafic en gare de Perpignan (P), sans que cela soit une reproduction exacte ni de la gare, ni du trafic. Dans chaque sens la voie forme une boucle repliée sur elle-même afin de donner l’illusion d’une double voie. Les gares souterraines de Cerbère et de Narbonne permettent de stocker les rames en provenance de P. dans l’attente de leur retour à P. suivant un horaire précis. Le décor, simple, sera essentiellement urbain, tant en ce qui concerne la gare proprement dite que son emprise et ses abords immédiats (parties droite et gauche du schéma).
Si la possibilité m’en est donnée, j’envisage de réaliser ultérieurement, au dessus des gares cachées, une évocation de la gare de triage et du trafic marchandises de « Perpignan- Roussillon », important complexe jouxtant le « Marché International de St Charles ». A cette fin, j’ai pratiqué, lors des travaux d’aménagement du grenier, une petite ouverture donnant sur la pièce à côté afin d’y loger un plateau permettant la formation des différentes rames évoluant sur le réseau.
Certains modélistes auraient probablement imaginé deux rampes hélicoïdales afin de réduire considérablement la longueur de voie. J’y ai pensé mais j’avoue, qu’à l’époque, j’ai écarté cette solution par peur de me lancer dans la conception et la réalisation de cette menuiserie. Avec le recul du temps et ma « petite expérience » de la menuiserie, je réalise, maintenant, que j’ai peut-être eu tord. Mais, encore une fois, c’est trop tard.
A partir de ce schéma et à l’aide de Design-Railway, le logiciel de tracé de réseau de Pégase, j’ai élaboré le plan définitif après un très grand nombre d’essais et de corrections car il a fallu tenir compte des contraintes suivantes :
- Calculer un pourcentage de pente évoluant entre 1% et 3% (grand maximum).
- Pouvoir passer sous le réseau, celui-ci étant totalement fermé. Après quelques essais, j’ai fixé à 70 cm la hauteur minimum compte tenu de ma corpulence et de mes éventuelles difficultés physiques.
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[img]http://nsm01.casimages.com/img/2008/11/03//mini_081103022243453522699106.jpg[/img][img]
Le plan ci-dessus représente l’ensemble des liaisons Perpignan-Cerbère-Perpignan et Perpignan-Narbonne-Perpignan mais fait abstraction de la gare de Perpignan dont le plan sera présenté ultérieurement.
Le niveau 0 est matérialisé par un gros trait noir.
La gare de Perpignan se situera sur l’emplacement délimité par P1, P2, P3 et P4.
C = Ligne en direction de Cerbère.
N = Ligne en direction de Narbonne.
A = Ligne d’autorail double sens en direction de Villefranche
PR = Voie double sens (entrée et sortie) du complexe de marchandises (extension éventuelle).
M = Voie réservée ultérieurement au trafic marchandises en provenance de Narbonne. Le trafic en provenance de Cerbère s’opèrera par rebroussement en gare de Perpignan.
E = Voies vers le plateau de formation des trains de marchandises.
Alors que j’allais commencer la construction effective du réseau, j’ai eu un problème cardiaque suivi, quelque temps après, d’un grave accident de mon fils ce qui a occasionné la mise en stand-by de ces travaux pendant près de deux ans.
J’ai divisé le réseau en 7 zones construites dans l’ordre logique numérique.
Zone 1 = partie murale.
Zone 2 = emprise gauche
- niveau inférieur : caisson CP 10 mm
- niveau 0 : caisson CP 10 mm avec plateau CP 10 mm
Zone 3 = emprise droite
- niveau inférieur : caisson CP 10 mm
- niveau 0 : caisson CP 10 mm avec plateau CP 10 mm
Zone 4 = gare souterraine niveau -23 : caisson CP 15 mm avec plateau CP 15 mm.
Zone 5 = gare souterraine niveau -40 : caisson CP 15 mm avec plateau CP 15 mm.
Zone 6 = Perpignan niveau inférieur : caisson CP 10 mm
Zone 7 = gare de Perpignan (sera détaillée ultérieurement).
Comme vous l’avez vraisemblablement compris, toute la partie du réseau figurant sur le plan a déjà été réalisée (zones 1 à 6). Voici maintenant quelques précisions sur cette construction :
- Matériel : Rocoline sans ballast, code 83
- Moteur d’aiguillage : Motaig_E de Pégase
- Compte tenu de sa longueur, chaque gare souterraine a été découpée en 5 modules. Dés sa construction, chaque module a été ajusté et raccordé au précédent par de gros boulons avec écrous papillon. Il en est de même pour la zone 6 qui a été découpée en 6 modules.
- Bien que le plan ait été scrupuleusement suivi, j’ai du corriger, lors du raccordement de chaque zone ou module à l’élément précédent, les écarts plus ou moins importants (0.5 mm d’erreur sur le plan au 1/10 nécessite de trouver une solution lorsqu’on est au bout d’un mètre à l’échelle 1/1). D’autre part, même si l’on choisi avec soin ses bois, il faut impérativement compenser leurs anomalies inévitables.
- Compte tenu de l’importance du matériel de voie et afin de faciliter le démontage du réseau en cas de nécessité absolue, la voie est clouée sur la semelle de liège collée au néoprène.
- Chaque canton a une longueur minimum d’environ 3 à 3.5 m permettant la circulation de rames de 2.8 m à 3m (longueur normalement utilisable des voies de garage des zones 4 et 5)
- Afin de sécuriser la continuité électrique en cas de défaillance d’une éclisse, chaque rail de voie est réalimenté tous les mètres par un pontage avec le rail précédent.
- La hauteur des pieds des zones 4, 5, 6, a été calculée de façon à supporter le plateau de la gare de Perpignan (zone 7) et de la future éventuelle gare marchandises.
- Un des avantages du système Pégase réside dans la facilité du câblage (3 fils pour un canton à sens unique). Par contre, du fait que chaque canton est relié à un module électronique (lui-même relié ultérieurement à l’ordinateur) rend difficile le contrôle de la continuité électrique sur l’ensemble du réseau tant que tout n’est pas totalement relié.
- C’est pourquoi, avant et après le raccordement de chaque zone (ou module de zone) à la zone (ou au module de zone) précédent, le bon fonctionnement de chaque canton et des aiguillages qui y sont rattachés est contrôlé avec une loco et un transfo, conformément aux indications de Pégase.
- Si le câblage des aiguillages ne m’a pas posé de problème, j’ai par contre eu quelques difficultés à câbler mes premières TJD, surtout lorsqu’elles étaient liées à un autre aiguillage (court-circuit et alimentation de la pointe de cœur).
- Après plusieurs essais, j’ai décidé de ne pas motoriser les aiguillages de sortie des gares souterraines, s’agissant d’aiguillages pris en talon sur une voie à sens unique.
- Sur le plan, les lettres A, B, C, désignent les boîtiers contenant les modules électroniques auxquels sont reliés les câbles d’alimentation des cantons et des aiguillages. Pour faire simple, tous les boîtiers seront ensuite reliés entre eux et à l’ordinateur.
- L’ensemble (y compris les voies de garage) du circuit Perpignan-Cerbère-Perpignan, d’une longueur totale d’environ 75 mètres, est découpé en 21 cantons et celui de Perpignan-Narbonne-Perpignan, d’une longueur totale d’environ 79 mètres, est découpé en 22 cantons.
Voici quelques précisions complémentaires
• Tous les cantons sont à sens unique
• Chaque canton a une zone d’arrêt de 50 à 60 cm.
• Perpignan-Cerbère (à partir de la TJD délimitant l’emprise gauche de la gare) :
- 3 cantons (de 3.22 m à 3.67 m) totalisant 10.3 m avec une pente descendante moyenne
de 1.5 %.
- 4 cantons (de 3.22 m à 3.68 m) totalisant 14 m sans pente.
- 1 canton de 5.04 m avec une pente descendante de 1.4 %.
• Cerbère-Perpignan :
- 4 cantons (de 3.45 m à 4.20 m) totalisant 14.9 m. avec une pente montante moyenne
de 1.5 %.
• Perpignan-Narbonne (à partir de la TJD délimitant l’emprise droite de la gare :
- 4 cantons (de 3.41 m à 4.07 m) totalisant 14.9 m avec une pente descendante moyenne de 2.7 %.
• Narbonne- Perpignan :
- 1 canton de 5.11 m avec une pente montante de 2.7 %
- 4 cantons (de 3.53 m à 3.85 m) totalisant 14.6 m sans pente.
- 4 cantons (de 3.41 m à 3.89 m) totalisant 14.7 m avec une pente montante moyenne
de 1.8 %.
• Gares cachées de Cerbère et Narbonne :
- 8 voies de 3.28 m et 1 voie de 3.51 m chacune.
Dés que j’en aurais bien assimilé la procédure, je posterais un certain nombre de photos permettant de mieux visualiser « mon travail ».