Comment faire des rochers et des falaises ?

30 - Sur ce diorama deux moules «maison» différents ont été utilisés.

30 – Sur ce diorama deux moules «maison» différents ont été utilisés.

Ce thème majeur du décor en modélisme ferroviaire, est toujours très prisé à la fois par le modéliste qui valorise grandement son réseau et par le spectateur admiratif. Qu’il ait la fonction de cacher une courbe de faible rayon ou un faisceau de voies de remisage, de servir de prétexte à la présence d’un tunnel ou tout simplement de décorer l’arrière-plan d’un réseau, il s’avère indissociablement liée au train miniature.

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Quand rien n’existait dans le commerce, on faisait appel au classique de l’époque : l’écorce de liège qui se rapprochait de l’idée que l’on se faisait dans l’aspect de la roche en miniature.
Depuis, nous trouvons dans le commerce des plaques représentant des rochers en granit, en calcaire ou schiste, etc., réalisées en plastique rigide ou thermoformé, proposés par les spécialistes du décor (voir Noch et Heki, notamment). Leur allure est assez satisfaisante, mais leur mise en oeuvre est plus complexe que dans les exemples que nous allons vous proposer.

1ère méthode : reproduire vos rochers avec les moules du commerce

Dans l’exemple de la reproduction du rocher par thermoformage, vous êtes entièrement tributaire de la forme imposée par le fabricant.
Les spécialistes du décor Noch et Woodland Scenics nous proposent des moules de différentes tailles et d’aspect qui nous permettront de réaliser plus librement nos reproductions de parois rocheuses.

Dans la gamme étendue des moules Woodland Scenics, nous vous avons sélectionné des moules “falaises” sous les références C1236, C1239, C1244, qui vous permettront de réaliser des moulages de parois rocheuses plus adaptés à ce que l’on veut reproduire sur notre réseau (photo 2). Néanmoins, vous pouvez acquérir d’autres moules chez ce distributeur plus orientés “rocher” indépendants.
L’idée est de se servir de ces moules comme une “forme libre” que l’on appliquera directement sur la structure sans passer les phases classiques avec ce genre de matériel.

Préparation des moules
Comme nous venons de l’expliquer brièvement, nous ne suivrons pas le principe de remplir le moule à ras bord de plâtre, d’attendre plusieurs heures de séchage et de démouler le «gros caillou» ou le «pain de sucre» qu’il faudra ensuite mettre en place sur le réseau avec plus ou moins de bonheur et de réalisme.
Une autre solution est à votre portée. Elle consiste à supprimer toute la matière (photo 3) qui fait de ces moules des «poches». Cette suppression va donner plus de souplesse au caoutchouc et donner une forme se rapprochant plus d’une “crêpe” que d’une poche. N’hésitez pas à enlever le caoutchouc qui gênerait la souplesse du moule (photo 4), c’est très important pour la suite des opérations et la réussite finale de cette méthode. Les découpes s’effectueront avec le tranchant neuf d’un cutter.
Avant votre première coulée de plâtre dans le moule, passez-le sous l’eau et essuyez-le bien. Vous effectuerez ce travail de propreté après chaque coulage de plâtre. Vous n’avez pas besoin de l’enduire d’un produit “démoulant” avant remplissage, avec cette méthode c’est inutile.
Comme notre moule ressemble à une crêpe, nous n’aurons pas trop de difficultés à juxtaposer un deuxième moulage et ainsi permettre la création de parois rocheuses étendues. Un avantage majeur que nous ne pouvions pas réaliser avec le matériel d’origine.
Une fois, que vous avez donné la «préforme» de vos futures parois rocheuses (photo 5), le moment est venu de réaliser vos rochers !

Le moulage
Préparez la coulée en mélangeant plâtre et eau pour obtenir une pâte «onctueuse», mais pas liquide, ni pâteuse. Si le plâtre est trop liquide, il s’échappera du moule ; trop pâteux, il ne prendra pas bien la forme du moule. Soyez vigilant à ce niveau du déroulement des opérations.
Avec une spatule remplir le moule de plâtre sur une épaisseur régulière d’environ 5mm de matière, plus à certains endroits du moule où le relief négatif est important. Venez l’appliquer à la place déterminée sur la paroi. Bloquer éventuellement le moule (comme sur notre exemple) avec des cales, outils, tout ce qui vous tombe sous la main (photo 6).
Laissez ce «calage» en place un bon quart d’heure à vingt minutes, le temps de la prise du plâtre. Avec cette méthode, le temps d’attente est assez court car l’épaisseur du plâtre déposée est mince.

Encore plus rapide
Et encore mieux ! Passez avant l’application des moulages sur le polystyrène, une fine couche de plâtre liquide sur la surface que vous réservez à la paroi rocheuse (photo 7). Laissez sécher quelques minutes sans attendre son séchage total, sinon une fois la couche durcie, il faudra recommencer ! Appliquez vos moules remplis de plâtre comme déjà dit plus haut, et ô surprise ! «il» prend en quelques minutes, accéléré par la couche précédemment déposée qui n’a pas terminé sa prise et va “absorber” l’eau de votre moulage (photo 8).

2ème méthode : reproduire des rochers à l’aide de moules fait “maison”

Après avoir décrit la façon de reproduire une paroi rocheuse à partir de moules du commerce certains amateurs voudront faire eux-mêmes leurs moules. Nous vous proposons trois produits qui peuvent aujourd’hui vous permettre de réaliser facilement l’empreinte de vos futurs rochers (photo 9).

Le latex « liquide »
C’est un produit naturel blanc tiré généralement de l’hévéa. En ce qui nous concerne, ce produit de par sa qualité «élastique» va nous permettre la réalisation de moule qui par l’intermédiaire du plâtre, imitera l’aspect de la roche. Vendu en pot d’un litre, il vous permettra de réaliser des moules en quantité… presque industrielle ! Mais il demande de nombreuses couches de produit pour avoir un moule qui se «tienne» et soit suffisamment résistant dans le temps (photo 10).
Le matériel à utiliser est simple à mettre en oeuvre :
– un pinceau plat acheté pour autant de moule à réaliser, car le latex en séchant va rendre rapidement l’outil inutilisable. Il y a encore quelques années on pouvait sauver le pinceau avec du trichloréthylène qui n’est plus disponible dans le commerce, mais l’acétone peut faire l’affaire néanmoins.
– un sèche-cheveux pour accélérer la prise du produit et réduire son temps de confection (photo 11) ;
– de la gaze chirurgicale en vente en pharmacie et dans les rayons pharmacie des «grandes surfaces».

Après avoir fait la sélection des pierres, un nettoyage méticuleux sous l’eau fera disparaître les traces de terre et de mousse éventuelle. La pierre bien sèche, appliquez à l’aide du pinceau plat la première couche de latex sur la surface voulue qui ne devra pas, par commodité, dépasser la surface de votre main les doigts écartés (photo 12).
Quand le latex a pris sa texture caoutchouteuse (jaune) vous pouvez appliquer une deuxième couche, puis une troisième en respectant le temps de séchage (photo 13).
Pour rendre le moule plus résistant et pour diminuer les couches de latex, noyez avec la quatrième couche de latex des bandes de gaze coupées à dimension (photo 14). Une cinquième et dernière couche de latex participera à la solidité de votre moule.
Bien laisser sécher votre «travail », puis au moment venu, son démoulage se fera très simplement en tirant sur le latex. Vous obtiendrez une belle «crêpe» jaunâtre qu’il faudra enduire de talc pour bien la conserver dans le temps.

Le latex «concentré»
Comme son nom l’indique, ce latex à une consistance «crémeuse » et a plusieurs avantages (photo 15) par rapport à celui dit «liquide» :
– la couche sera plus épaisse,
– il ne coule pas,
– il s’applique au couteau de peintre,
– il n’abîme pas les outils.

Son application à la spatule ou au couteau de peintre est très simple : «beurrez» la surface voulue généreusement (photo 16). Attendre 12 à 24 heures pour appliquer une seconde et dernière couche (photo 17). On peut raccourcir le temps de séchage à l’aide de l’air chaud d’un sèche-cheveux ou à proximité de la chaleur d’un radiateur par exemple.

Le Siligum à séchage rapide
Cette pâte à mouler au silicone est vraiment étonnante pour faire des moules vite et bien (photo 18). Deux pâtes : l’une blanche, l’autre bleue à mélanger intimement deux minutes pour obtenir une pâte bleu clair (photos 19 et 20).
Appliquez immédiatement votre «pétrissage» sur la pierre à mouler et étalez une crêpe homogène de 2 à 3 millimètres d’épaisseur (photo 21). C’est tout ! Laisser sécher 10 à 15 minutes avant démoulage (photo 22). Le fabricant garantit cinquante utilisations (photo 23).
Le conditionnement de 100 g permet la réalisation d’un moule jusqu’à 15 x 15 cm. Une formule rapide, pratique, fidèle. Quoique légèrement plus onéreuse que le latex, nous vous conseillons vivement ce produit.

Préparation du support du futur relief

Il est possible de tirer une infrastructure pour le relief de tout et de n’importe quoi. Avec l’utilisation de certains moules Woodland Scenics ou Noch et surtout avec ceux en latex, la couche de plâtre sera relativement mince et nécessitera une structure constituée par un matériau approprié qui donnera grossièrement la forme que le moule épousera intimement.
Pour réaliser les grands reliefs, le grillage synthétique à maille fine est le produit le mieux adapté. Il sera fixé par agrafes sur la charpente du réseau. Vous aurez soin de recouvrir ce grillage d’une couche de bandes plâtrées qui servira de support aux futurs rochers.
Pour les petits reliefs, comme sur nos exemples, le polystyrène expansé ou mieux le polystyrène extrudé seront les matériaux les plus appropriés. Des plaques aux épaisseurs de 20 à 50 mm vont établir rapidement vos reliefs. Ces polystyrènes se coupent sans difficulté avec des outils à main tranchants (couteau, cutter, lame de scie à main, etc.). Ils se travaillent aussi à la râpe à bois, au rabot américain, etc. Le polystyrène expansé émet lors de sa découpe, de nombreuses petites “bille” hyper légères et statiques qui ne demandent qu’à se déposer ou coller partout. Ayez près de vous votre aspirateur que vous utiliserez systématiquement à chaque découpe ou ponçage. L’extrudé est beaucoup plus “propre” car son grain fin et dense l’empêche de virevolter à tout vent. Dans la mesure où vous le trouver, le préférer à “l’expansé”.
Les colles vinyliques, les colles à carrelage “prêtes à l’emploi” et certaines colle-mastic pour fixation de tasseaux et baguettes de décoration sont toutes indiquées pour la fixation sur lui-même et sur les matériaux comme le bois et ses dérivés (contreplaqué, aggloméré, Isorel, latté,… Surtout n’utilisez pas de colle Néoprène, qui fait fondre le produit. Faites un essai sur une chute pour un adhésif non cité dans cet article.
Vos plaques sont collées en place. Vous les façonnez pour leur donner les caractéristiques dimensionnelles souhaitées, sachant que le plâtre appliqué à l’aide du moule suivra fidèlement les formes préalablement données. L’utilisation du polystyrène expansé ou de l’extrudé pour représenter des reliefs peu élevés, reste le matériau idéal. Pour des hauteurs moins élevées faire appel exclusivement au polystyrène extrudé surtout si celui-ci concoure comme support à la pose d’une voie ferrée. Pour l’implantation des parois rocheuses, nous vous conseillons de vous procurer des photos de sites réels en essayant de concilier réalisme et contraintes dimensionnelles de votre réseau. Après un rapide croquis, tracez les limites de l’encombrement de votre reproduction (photo 24). La découpe du polystyrène est réalisée facilement au moyen d’une lame de scie à métaux (photo 25). L’usage d’un aspirateur est indispensable au fur et à mesure de l’avancement des travaux avec ce matériau (photo 26). Si vous êtes “allergique” à cette “corvée”, la qualité “extrudé” est plus recommandée.
La hauteur de la falaise sera «souvent» fonction de la hauteur du moule en votre possession (photo 27). Le collage des “épaisseurs” s’effectue avec de la vinylique “rapide” ou de la colle carrelage à l’aide d’une spatule à enduit. Pour une parfaite adhérence de la colle aux épaisseurs de polystyrène, déposez des poids (photo 27). Sur notre diorama c’est du carrelage que nous laisserons le temps du séchage (2 ou 3 heures).

Fourniture et matériel pour la décoration de la roche

Phase importante à ne pas rater, la décoration de vos moulages est l’étape essentielle qui donnera l’aspect naturel de la roche. Nous emploierons uniquement la peinture acrylique pour ses qualités de dilution et son utilisation, sans problème, presque sèche. Elle est idéale pour reproduire l’aspect de la roche naturelle.
Côté outils, nous nous servirons essentiellement de pinceaux du type brosse de 5 à 15 millimètres de large que nous trouverons aux rayons écolier ou (et) bricolage des grandes surfaces. Inutile de prendre des brosses pour artiste peintre, car le passage répété sur le plâtre est très agressif pour les poils du pinceau. Donc de la bonne vieille soie de porc et (ou) du synthétique feront l’affaire.
La couleur de la roche est fonction de sa composition chimique qui déterminera son aspect.

Décoration de la roche en calcaire dur de Bourgogne

Sur cet exemple de décoration nous avons choisi un calcaire dur que l’on rencontre en Bourgogne (photos 29 et 30). La mise en peinture de cet exemple est assez simple à mettre en oeuvre avec des peintures acryliques. Voici dans l’ordre, les opérations à effectuer :
– commencer par diluer à l’eau de l’ocre jaune afin d’obtenir un “jus” bien clair (photo 31) ;
– appliquez à la brosse souple cette teinte sur toute la surface de la roche à décorer (photo 32) ;
– avec un jus toujours aussi clair d’ombre naturelle, passer la brosse dans tous les creux, fissures (photo 33) et essuyez immédiatement à l’aide d’un chiffon la surface du rocher pour ne laisser que cette teinte dans les creux ;
– cette fois avec une brosse sèche et à poils si possible plus raides, passez du blanc pur bien sec sur les parties saillantes (photo 34), celles qui sont censées recevoir l’eau du ciel !
– en même temps avec l’extrémité d’un doigt de l’autre main, “masser” la roche là où vous venez de passer du blanc pour atténuer les traces trop visibles des poils du pinceau sur la roche (photo 35).
Tout le monde suit ? Pour finir, vous pouvez repasser sur certaines parties pas assez teintées ou au contraire, atténuer d’autres avec un jus de blanc très dilué (photo 36). C’est vous qui voyez!

Il ne vous restera plus qu’à compléter vos rochers de végétations rase ou buissonnante, mais là c’est une autre histoire !#

37 - Partie droite de la paroi rocheuse. Notez le petit fossé, le panneau routier de chez Interfer et la route au revêtement «accrocheur» caractéristique des petites routes de nos campagnes des années 1950-1960.
29 - Paroi rocheuse en calcaire dur, une reproduction réalisée à partir de moules «maison» et d’une décoration adaptée à ce type de pierre.
38 - La partie gauche de la paroi rocheuse est réalisée à l’aide du moule dont nous avons décrit sa réalisation à partir de latex liquide.

Infos Mat.

1ère méthode avec des moules du commerce :
– moules Noch ou Woodland Scenics
– platre
– cuter

2ème méthode avec ses propres moules :
– latex liquide ou concentré ou Siligum

Support du futur relief et décoration de la roche
– grand relief : grillage synthétique à maille fine et bande platrée
– petit relief : polystyrène expansé ou extrudé de 20 à 50 mm, colle vinylique ou carrelage ou mastic
– peinture acrylique jaune ocre et blanche
– pinceau brosse 5 à 15 mm

Jean Pierre Laurent

Jean Pierre Laurent

Ancien rédacteur en chef (1992-2019), spécialité décor

Hors-série n°6

Article issu du hors série #6