Introduction au digital:
les décodeurs (2ème partie)

Exemple d’une installation d’un décodeur sur un châssis de locomotive BB 8500 avec feux indépendants.

Exemple d’une installation d’un décodeur sur un châssis de locomotive BB 8500 avec feux indépendants.

Nous aborderons dans cet article le domaine des composants de la digitalisation : les décodeurs et leur choix. Il n’est pas dans notre intention de faire un catalogue de tous les décodeurs existants, ceci a déjà été fait dans d’autres publications et nous connaissons
le genre éphémère de ces textes.

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Comme dans de nombreux produits à base d’informatique, les décodeurs ont, au cours de ces dernières années, augmenté substantiellement leurs performances avec en corrélation une sophistication des réglages pas toujours suivis de notices explicatives claires. D’où l’intérêt du choix du fournisseur. Notre idée est de guider le lecteur vers son choix du type de décodeur en fonction de certains critères basés sur l’expérience que nous en avons et de la partager. Ce n’est que du bon sens et de l’expérience… 

Les décodeurs

Le choix est vaste, c’est le moins que l’on puisse dire ! Chaque décodeur peut être affecté à une adresse propre à laquelle il est le seul à répondre, c’est la force du système digital. Chaque décodeur peut être programmé pour donner à la locomotive ou à l’engin commandé des caractéristiques particulières (vitesse, inertie, sonorisation, fumée, éclairage, etc.). Ces paramètres sont définis dans des «variables de configuration » (CV). Si certaines CV sont normalisées, tout au moins leur appellation et numérotation, d’autres ne le sont pas. Ceci laisse le champ libre à de nouveaux développements par les fabricants, mais rarement dans le sens de la simplification. Pour un amateur, multiplier les fournisseurs de décodeurs s’est aussi multiplier les modes de programmation, les différences de variables et faire face à des incompatibilités lorsque des décodeurs ne respectent pas 100 % des normes. En Europe, le marché des décodeurs sonores est dominé par ESU. Pour les décodeurs « muets », plusieurs marques se partagent le marché : ESU, Zimo, Lenz, Hornby, Uhlenbrock, Kuehn, etc. Il est préférable de choisir des marques commercialisées en France, dont les notices sont traduites en bon français, et qui bénéficient d’un appui technique avéré en cas de problème de paramétrage ou de défaut interne (ça arrive aussi sur les décodeurs !). Il est aussi souhaitable d’utiliser une centrale digitale 100 % compatible avec les décodeurs, en général celle d’une grande marque ! Les dimensions des décodeurs ne sont pas normalisées, et en général, plus le décodeur est petit et intégré, gage de savoir-faire, plus son prix tend à monter, ce qui est presque logique : la miniaturisation pose des problèmes techniques de fabrication et de fonctionnement.
Le choix du décodeur doit se faire :
– sur le courant maximal absorbé par le moteur lorsqu’il est bloqué, cas le plus péjorant,
– sur le nombre de sorties dont on a besoin, sorties logiques ou amplifiées selon les besoins,
– sur le protocole de communication avec la centrale. En France, c’est le protocole DCC qui domine car généralement associé aux 2 rails. Le protocole Mfx, successeur du NMRA, est essentiellement utilisé pour le 3 rails.

Le type de connecteur à utiliser (NEM 651, 652, 21 MTC, Plux 16, Plux 22, etc.), photos 1 à 4, est fixé par l’engin à équiper ou par l’amateur si l’engin ne dispose pas de prise NEM ou dispose de deux types de prises (cas exceptionnel des premières 2D2 Jouef ). Si l’engin ne possède pas de prise NEM, le plus simple est de choisir des décodeurs sans fiche ou bien à fiche NEM 652

Décodeur sonore Loksound V4 ESU

5 – Décodeur sonore Loksound V4 ESU

ou encore Plux 22 pour montage sur des platines de rénovation (Miniatures Passion ou Epoche III par exemple). On trouvera d’ailleurs chez Miniatures Passion les platines de rénovation et les décodeurs associés, ce qui évite bien des recherches et des questions ! Les photos 1 et 4 donnent une idée de la taille des décodeurs miniaturisés. Ce domaine étant en constante évolution, nous nous abstiendrons de fournir une liste des décodeurs avec des tailles, qui serait obsolète, ou tout au moins incomplète, dès sa parution ! La consultation des sites comme ceux de CDF, Miniatures Passion et Train Modélisme permet d’avoir une bonne idée du matériel disponible.
Les décodeurs sonores sont plus volumineux que les décodeurs muets du fait de la taille des mémoires, voir photos 5 à 7.
Par leur taille, certains décodeurs peuvent être placés entre les roues d’un engin moteur, sous le châssis. Nombreux sont les exemples de positionnement astucieux, les amateurs n’étant pas à court de ressources dans ce domaine. Le positionnement sous châssis, dans la platine d’origine, tel que celui qui a été présenté par Rail Miniature Flash pour la digitalisation du Y 7100 a été repris par différents sites ou forums, preuve de son intérêt ! (photo 8). Lors de l’ajout d’éclairage ou de fonction nouvelle sur un engin, il est souvent intéressant pour des raisons pratiques de pouvoir déconnecter la caisse du châssis. Des connecteurs sont prévus sur des platines de certaines marques, Jouef, Roco, LS-Models, Mistral par exemple, car ils facilitent le montage et le contrôle en usine. Il est possible d’utiliser des connecteurs similaires, photo 9, disponibles chez les professionnels et des revendeurs bien achalandés : voir leurs catalogues en ligne.

Les décodeurs de fonctions

En dehors de décodeurs pour locomotives ou matériel moteur, il existe des décodeurs de fonctions permettant uniquement la commande de fonctions telles que l’éclairage ou le dételage. Ces décodeurs sont beaucoup plus petits et ont en général 4 fonctions permettant de commander les feux rouges, phares, cabine et 3e phare par exemple. Nota : – Un décodeur alimentant un moteur est automatiquement reconnu, car il est chargé par le moteur de traction. – Pour programmer un décodeur de fonction, il est indispensable qu’une au moins de ses sorties soit chargée, c’est-à-dire qu’elle alimente un objet ou une fonction avec un courant non négligeable, des LED de feux ne suffisent pas. Dans ce cas, mettre une résistance de 220 ohms entre le fil bleu et l’une des sorties, quelle qu’elle soit.
Les fonctions annexes (décodeurs de fonctions) La plus courante est l’éclairage de rame, photos 11 et 12 et l’éclairage de feux de rames réversibles (TGV par exemple, ce qui évite une ligne de train). Sans avoir recours à une alimentation spéciale (Haute Fréquence), avec un décodeur de fonctions et des rubans de LED, photo 13 ou des réglettes d’éclairage, photo 14, ou encore des réglettes à décodeur intégré, il est possible d’éclairer une rame, et même de façon «dynamique» (clignotement de néons à l’allumage) depuis l’arrivée sur le marché de produits innovants. L’éclairage par ruban de LED est la solution la plus économique, photo 13. Le réglage de l’intensité lumineuse peut se faire à l’aide d’un régulateur de tension, solution préférable à une alimentation directe à partir de la voie, car les LED ne sont pas prévues pour supporter très longtemps des tensions inverses, même au travers d’une résistance. Si la commande de l’éclairage est assurée par un décodeur, le réglage de l’intensité lumineuse se fera par programmation de la CV idoine de ce décodeur.

L’éclairage par réglette est devenu un must dans ce domaine. Concurrencé par les rubans de LED, bien meilleur marché, il a pris un essor nouveau avec l’intégration de fonctions que les rubans ne peuvent faire facilement : changement de ton de couleur (blanc chaud ou blanc froid, incandescence ou néon) par exemple, scintillement imitant un tube néon en défaut, allumage aléatoire de compartiment, réglage de l’intensité lumineuse, allumage et extinction de l’éclairage par utilisation d’un aimant, feux de fin de convoi intégrés, modularité permettant une mise à longueur selon besoin, regroupement des adresses des véhicules d’une rame sous une même adresse. Ce type de réglette programmable est disponible notamment chez ESU, Viessmann (photo 14) et Digikeijs. Notons que ces avantages sont aussi exploitables sur un réseau analogique, par utilisation d’un aimant pour assurer la programmation et quelques choix de fonctions, encore faut-il passer l’aimant dans le bon sens et au-dessus du capteur, ce qui n’est pas évident…

Les décodeurs sonores

En consultant les catalogues des fabricants et distributeurs, on trouvera des décodeurs sonores pour les engins suivants (liste non exhaustive), souvent conçus à partir de Loksound V4 ESU ou de décodeurs Zimo qui dominent le marché, photos 5 à 7 :
Engins à vapeur : 141 R, 141 P, 231 PLM, 140 C, 231 E, 150 C, 040 D, 141 TA, 130 T, 241 P.
Locotracteurs : Y 6400.
Draisine : DU 65
Locomotives diesel : BB 61000, BB 63000 et 63500, BB 66000, BB 67000 et 67200, BB 67400, BB 69200 et 69400, CC 72000, CC 72100, BB 75000, CC 65000, CC 65500, A1A A1A 62000, 68000 et 68500, V211 et 212, BR 218, Class 66, Class 77, G 1206, Euro 4000 Vossloh.
Autorails : RTG, RGP 1 X 2100, X 2700, X 2800, X 3800, X 4300, 4500 et 4900, X 72500, X 73500, X 76500, 81500 et 82500.
Locomotives électriques : BB 1-80, 2D2 5500, CC 6500, BB 7003, BB 7200, BB 8500, 2D2 9100, BB 9200, CC 14000 et 14100, BB 15000, BB 16500, BB 17000, BB 22200, BB 25100 et 25200, BB 25500, BB 26000, BB 27000 et 27300, BB 36000, BB 37000, CC 40100.
Automotrices : TGV PSE, TGV Duplex, TGV Thalys, TGV Pos, Z2, Z 24500, Z 27500.
Il est possible de créer charger ses propres sons à partir d’enregistrement personnels, avec certains décodeurs sonores comme le Loksound ESU grace au boitier et logiciel de programmation Lokprogrammer (voir paragraphe suivant).

À ces décodeurs doivent être associés des hautparleurs dont l’impédance est primordiale. De même pour les conditions d’installation et la création d’une caisse de résonance. Les premiers haut-parleurs avaient des impédances de 8 ohms. Les nouveaux haut-parleurs ont une impédance de 100 ohms. Cette différence fondamentale fait qu’installer à la sortie d’un décodeur conçu pour un haut-parleur de 8 ohms un haut-parleur de 100 ohms ne produira pas de son, l’inverse si, le bruit de la destruction du décodeur par surintensité sur la sortie haut-parleur. Donc, prudence et bien lire les notices avant tout remplacement. Une raison de plus pour ne pas mélanger les marques de décodeurs !

11 - Décodeur de fonction installé dans un fourgon PBA Trix, il commande les feux et l’éclairage train.

11 – Décodeur de fonction installé dans un fourgon PBA Trix, il commande les feux et l’éclairage train.

12 - Voiture de rame TER 2N NG Jouef, éclairée selon un article RMF : l’aménagement est bien visible !

12 – Voiture de rame TER 2N NG Jouef, éclairée selon un article
RMF : l’aménagement est bien visible !

13 - L’éclairage économique par ruban de LED, dans une rame TEE suisse RAm Roco.

13 – L’éclairage économique par ruban de LED, dans une rame TEE suisse RAm Roco.

14 - Réglette d'éclairage Viessmann avec décodeur et nombreuses fonctions intégrées. (photo Viessmann)

14 – Réglette d’éclairage Viessmann avec décodeur et nombreuses fonctions intégrées. (photo Viessmann)

La programmation des CV

La facilité de programmation est liée à la qualité de la centrale, de sa documentation (!) et à son évolution technique. Certaines centrales d’entrée de gamme ne permettent pas de lire les valeurs dans les CV, mais uniquement de les écrire, ce qui est un handicap, car il n’y a pas de contrôle possible. Il faut alors opérer très méthodiquement. La majorité des centrales permet de lire les CV et de les programmer. Il est souhaitable pour débuter de choisir un matériel répandu, chez un détaillant qui peut apporter un appui technique si nécessaire, avec une notice traduite en bon français. Chacun choisira sa centrale en fonction de ses goûts, de ses besoins et de ses moyens. Une grande marque européenne présentera moins de risque qu’un produit hors Europe acheté sur Internet avec une notice en langue étrangère dont on ne connaît pas nécessairement les termes techniques ou les subtilités, quelques fois déjà traduite d’une autre langue !

La programmation du décodeur s’effectue par la centrale en inscrivant des valeurs dans les CV, chacun d’entre eux correspondant à une fonctionnalité. Par exemple, le CV 1 correspond à l’adresse de l’engin moteur au format court. Par défaut, il est programmé à 3 mais il suffit d’inscrire la valeur 8 par exemple pour que votre locomotive soit commandable par ce chiffre. Les autres CV vous permettront de programmer, la vitesse maximale / minimale, les ralentis, les effets lumineux, l’intensité des fanaux, et bien plus encore ! Si vous n’êtes pas à l’aise avec cet exercice, soyez rassuré, tous les décodeurs sont livrés avec un paramétrage standard qui convient à la majorité des machines. Et quand elle sont livrées avec un décodeur préinstallé, le fabriquant s’est chargé de régler spécifiquement les CV pour vous. Dans les deux cas, vous n’aurez au minimum qu’à programmer l’adresse du décodeur pour la rendre indépendante des autres machines de votre réseau. Pour en savoir plus sur la programmation des CV, consultez notre article dédié dans Rail Miniature Flash n°594. Notre configurateur de CV est également disponible pour vous aider.

La programmation n’est pas toujours facile si on ne dispose que d’une centrale avec un petit écran et où il faut se reporter sans cesse au manuel du décodeur pour rechercher le numéro du CV de la fonction que l’on souhaite régler. De plus, certains réglages comme le mapping des fonctions (affectation d’une touche de la commande à une sortie du décodeur), ne sont pas simple à maitriser. Pour gagner en confort et en facilité, la solution logiciel va résoudre ça. Le logiciel Lokprogrammer (photo 16) d’ESU et son boitier (photo 17) faisant interface entre l’ordinateur PC et la voie de programmation, permettent de régler toutes les foncions du décodeur sans programmer les CV et de charger ses propres sons ou ceux issus de la banque de données du site du même constructeur. Mais cela est réservé aux décodeurs ESU uniquement, pour les autres marques seules les fonctions basiques du décodeurs seront réglables ou programmables par les CV comme sur une centrale basique.
Le logiciel JMRI DecoderPro (photo 18) est également très populaire pour régler des décodeurs et il possède des avantages de taille : il est gratuit, compatible avec une majorité de décodeurs et des centrales avec un port informatique. Inconvénients : il ne permet pas de programmer le son des décodeurs et nécessite une centrale munie d’un port informatique. #

A venir : les centrales digital et l’outilllage.

Bernard Ciry

Bernard Ciry

Auteur, spécialité matériel roulant miniature échelle H0 et réel

Arnaud Guyon

Arnaud Guyon

Auteur et community manager, spécialités digital et informatique