Amélioration de la voiture restaurant type 66 de Roco

Notre voiture-restaurant effectue son premier service commercial.

Nous vous proposons de prendre place à bord de l’une des voitures-restaurants Roco de type 66 et de vous installer confortablement pour déguster un bon repas pendant votre voyage. Plus sérieusement, nous allons par quelques petites recettes simples et à la portée de tout modéliste, donner à l’une de ces voitures-restaurants une note supplémentaire de relief et de réalisme. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, nous vous proposons de retracer l’histoire de ces matériels spécialement conçus pour se restaurer à bord des trains français.

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En réel

Si les différentes compagnies ferroviaires qui se partageaient le réseau français assuraient l’exploitation et la circulation de leurs trains, la CIWL se voyait déléguer l’ensemble des prestations de restauration et d’hôtellerie pour le compte de celles-ci. Propriétaire des voitures-lits et des voitures-restaurants mises en circulation pour assurer ces prestations complètes, la CIWL réalisait également grâce à son personnel de bord spécialement affecté, les prestations moins glorieuses mais toutes aussi nécessaires au confort des voyageurs à bord des voitures- buffets appartenant aux différentes compagnies puis à la SNCF.
Devant les difficultés financières que rencontrait la CIWL pour renouveler son parc de voitures-restaurants, dont les prestations étaient devenues de façon récurrente non rentables, la SNCF procéda au rachat de l’ensemble de ce matériel roulant, confiant alors la seule exploitation commerciale au personnel de la CIWL. Cette opération fut réalisée au début de l’année 1962 et concernait au total 114 voitures métalliques à la livrée bleu nuit construites entre 1926 et 1932. Ce «nouveau» matériel, inscrit à l’inventaire de la SNCF, se composait essentiellement de voitures-restaurants classiques mais aussi de voitures spécialement équipées pour les grands trains de l’époque comme les voitures «salons-bars» du Train Bleu, les voitures restaurants dotées de l’air conditionné affectées au Mistral avant la mise en service des voitures TEE «Mistral 69» ou encore la voiture-restaurant «présidentielle ». L’ensemble de ces voitures fut géré de 1962 à 1972 par la région Sud- Ouest, puis les unités toujours en service seront reprises par la région Nord. Elles assurèrent un service soutenu sur l’ensemble des régions SNCF, mais furent progressivement radiées au rythme des livraisons de matériel plus ressent que la SNCF avait commandé dès 1962 pour être définitivement retirées du service en 1978. La SNCF avait, en effet, entrepris le renouvellement du parc de ces voitures- restaurants déjà anciennes qu’elle venait de reprendre à la CIWL. Leur étude et leur construction furent confiées à la société CIMT et aux établissements Brissonneau et Lötz.
Commandées au titre des programmes 1962 pour les douze premières unités, 1963 pour quinze unités suivantes et 1965 pour la dernière tranche de quinze unités, le parc comptera au total quarante deux voitures. De conception entièrement nouvelle, elles reprennent l’esthétique et les dimensions des voitures UIC sorties d’usine quelques années auparavant. Ces nouvelles voitures seront livrées de 1966 à 1968 et arboreront une livrée rouge à ligne blanche en totale rupture avec le classique bleu nuit en usage jusqu’alors pour ce type de matériel roulant.

L’aménagement intérieur d’une voiture-restaurant type 66 réelle. Nous retrouvons le personnel dans la tenue blanche de service comme nous l’avons mis en place dans notre voiture. Notez les nappes blanches qui pendent sur les côtés des tables et les stores vénitiens entre les deux verres des baies (photo SNCF. Collection Géry Nolan

L’aménagement intérieur d’une voiture-restaurant type 66 réelle. Nous retrouvons le personnel dans la tenue blanche de service comme nous l’avons mis en place dans notre voiture. Notez les nappes blanches qui pendent sur les côtés des tables et les stores vénitiens entre les deux verres des baies (photo SNCF. Collection Géry Nolan).

Schéma d'une voiture restaurant type 66 SNCF

Schéma d’une voiture restaurant type 66 de la SNCF.

Dans les années 70, cette livrée laissera la place à la livrée dite «160» mais en conservant le rouge pour le bas de caisse et haut de toiture. Outre leur ligne nouvelle, l’une des principales caractéristiques de ces voitures est sans conteste le système d’air conditionné dont elles sont équipées.
En effet, celui-ci améliore de façon considérable le confort des voyageurs en période estivale mais il était à l’époque mis en place uniquement sur les voitures Inox du Mistral ou sur les plus ressentes voitures TEE PBA de 1964. Son fonctionnement était assuré par un groupe électrogène diesel couplé à un alternateur triphasé de 70 kVA le rendant tout à fait autonome.
Parmi les équipements nouveaux, citons également les baies de la salle de restaurant équipées de stores vénitiens à commande manuelle logés entre les deux vitres.
Pour le reste, les équipements restent classiques mais modernes : salle à manger de cinquante-deux places réparties à raison de quatre personnes par table, sièges recouverts de cuir rouge, revêtements intérieurs en panneaux stratifiés d’un dessin tweed grège, sols recouverts de tapis plastique vert et noir.  Côté cuisine et office, les cloisons sont entièrement couvertes de panneaux d’acier inoxydable et le sol carrelé de carreaux blancs. Ces voitures sont équipées de bogies Y26C et D, ces nouvelles voitures restaurants ont bien évidemment été incorporées dans le nouveau Capitole de 1967, doté alors des nouvelles voitures UIC dont la livrée rouge à bande blanche fut reproduite sur les voitures restaurants.
Elles remplacèrent progressivement les voitures restaurants bleues sur les meilleures relations de la deuxième moitié des années 60. Mais leur carrière fut de courte durée car elles furent bientôt supplantées par une nouvelle forme de restauration plus rapide «self service» servie dans les nouvelles voitures «Grill Express» puis par les voitures Bar-Corail. Ne répondant plus à la demande, elles furent alors retirées du service entre 1976 et 1978 pour être garées en attente d’une nouvelle utilisation.
Nous arrêterons ici ce rappel historique qui sera suivi dans un prochain article sur le thème de la restauration par l’histoire des voitures «Gril Express». Sans plus attendre, nous allons donc pouvoir nous mettre à table, pardon au travail.

Démontage

La première opération consistera à démonter entièrement notre voiture. Pour cela, rien de bien compliqué comme pour toutes les voitures Roco, la carrosserie est simplement encliquetée sur le châssis lesté et équipé d’un aménagement intérieur conforme à la disposition réelle de ce type de matériel. Il suffit donc pour cela d’écarter la caisse pour libérer le châssis et accéder à l’aménagement intérieur.
Une fois la caisse déposée, nous libérerons les portes d’intercirculation en débutant par la dépose de leurs vitres, puis des vitres latérales. Notre voiture ainsi démontée, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet et commencer nos travaux d’amélioration et de patine.

Les extrémités de caisse

Nous soulignerons d’abord le joint de fermeture en caoutchouc des portes d’intercirculation.

Pour cela, nous appliquerons un trait de peinture noire avec un pinceau fin. Nous prendrons soin d’essuyer le surplus de peinture sur notre pinceau afin d’éviter de déborder du joint moulé en léger relief positif par Roco. Nous relèverons ensuite l’aspect des poignées des portes et la serrure d’une pointe de peinture aluminium.

Cette dernière opération sera également appliquée aux poignées des portes d’accès sur les faces latérales de notre modèle. Enfin, pour clore cette première étape, les joints intérieurs des vitres ovales des portes d’intercirculation seront peints en noir. Après séchage complet, et une fois le vitrage remis en place, ce détail améliore encore le rendu de ces éléments d’extrémité.

L’aménagement intérieur : un peu de découpe

Cela fait, nous débuterons nos travaux sur les aménagements intérieurs. Comme nous l’avons précisé un peu plus haut, l’aménagement Roco est bien conforme à la réalité à l’exception de quelques petits détails que nous allons rectifier maintenant. Ainsi, nous commencerons par la suppression des cloisons qui séparent la dernière travée à l’extrémité de la salle de restaurant côté cuisine. En effet, dans la réalité celles-ci sont en verre et non pleines comme c’est le cas sur l’aménagement Roco. Nous couperons donc les cloisons existantes au ras des dossiers des sièges et une petite fente sera réalisée afin de recevoir les nouvelles cloisons taillées dans un morceau de carte plastique transparent. Après la mise en place de nos nouvelles cloisons translucides, leur maintien définitif sera assuré par une pointe de colle. Ainsi s’achève le plus gros de notre transformation sur cet aménagement intérieur. Pour la suite nous reprendrons nos pinceaux.

Quelques touches de peinture

Comme vous venez de le voir, les transformations sont ici très limitées, conformité oblige. En revanche, le réalisme de notre aménagement viendra par l’application des différentes teintes qui le composent en réalité mais que les contraintes industrielles ne peuvent satisfaire sans augmentation du prix de revient. Un choix que Roco a fait et qui permet à l’amateur d’être acteur de ce petit travail complémentaire qui accentuera le réalisme de ce matériel par la mise en valeur de la qualité de cet aménagement.
Cela dit, nous débuterons ces travaux de peinture par les parois internes des faces latérales de la carrosserie de notre voiture qui recevront une couche de jaune pâle. Une autre solution pour cette opération consiste à peindre l’intervalle entre chaque baie directement sur le vitrage rapporté. Cela peut éviter quelques débordements au niveau des ouvertures si un surplus de peinture est présent sur votre pinceau. Nous poursuivrons nos travaux par plusieurs autres opérations de peinture, mais cette fois directement sur l’aménagement. Ainsi, l’intérieur de la cuisine recevra une couche de peinture aluminium matérialisant ainsi les meubles et plan de travail en inox qui l’équipent. En revanche, le sol de même espace, en carrelage dans la réalité sera pour sa part peint en blanc. Nous passerons maintenant aux différentes cloisons de la salle qui seront peintes en jaune pâle tandis que les sièges recevront une couche de rouge vif. Enfin, le sol de la salle du restaurant sera peint en gris vert. Dernière petite touche de peinture, le sol des plates-formes d’accès recevra une couche de noir.

Passons à table

Voiture-restaurant oblige, nous allons maintenant dresser nos tables. Nous avons choisi, afin d’alléger nos travaux, de situer l’action en après-midi, heure à laquelle le service du déjeuner est terminé mais où certains voyageurs apprécient de venir prendre un thé ou un rafraîchissement. Ainsi, les couverts ne seront pas dressés mais, comme il se doit à la Compagnies des wagons-lits, nous déplierons les nappes blanches.
Pour cela, nous avons utilisé du papier absorbant que nous couperons en petits rectangles de taille légèrement plus grande que celle des tables. Un à un, nous les imbiberons d’un mélange d’eau et de colle à bois avant de les placer sur chaque table. Ils seront alors mis en forme comme il se doit, dessus bien lisse et les pans retombant sur les côtés. Une fois sèches, nos nappes recevront une couche de peinture blanc mat afin d’améliorer encore leur aspect.

Les voyageurs s’installent

Tout cela réalisé, nous allons maintenant pouvoir accueillir les voyageurs souhaitant prendre une collation en ce milieu d’après-midi. Notre choix se fera parmi les personnages assis de la gamme Preiser dans laquelle nous trouvons un bon nombre de figurines pouvant convenir à cet usage. Leur mise en place nécessitera toutefois quelques amputations que nous réaliserons au cutter après essayage afin de trouver la meilleure position à table. Mais installer des voyageurs à nos tables est la première intervention qui sera suivie de la mise en place du personnel, cuisinier et serveurs. Ainsi, nous installerons deux personnages debout, toujours issus de la gamme Preiser. L’un en tenue et toque blanche sera disposé dans la cuisine derrière les fourneaux en prenant soin de le rendre visible par la grande fenêtre. L’autre en veste blanche, assurera le service en salle, plateau et bouteille à la main. Il sera lui aussi placé de façon à le rendre très visible de l’extérieur par l’une des baies de la salle du restaurant.

Mise en place de stores vénitiens

Comme nous l’avons indiqué précédemment, ces voitures-restaurants modernes ont leurs baies équipées dans la réalité de stores vénitiens situés entre les deux vitres qui les composent. Nous allons donc, comme sur les voitures réelles, en installer sur notre modèle. Nous utiliserons ceux en métal photo découpé, proposés par Décapod réf. 1301. Ils pourront être retaillés afin de varier les niveaux d’obturation lors de leur mise en place. Ainsi, nous les placerons à différentes hauteurs et sur quelques baies uniquement.

Ils seront soit entièrement baissés ou à demi-ouverts selon la disposition des voyageurs à bord de la voiture. Nous les fixerons par une petite pointe de colle cyanoacrylate afin d’en assurer une tenue parfaite.

Quelques pièces de détaillage

Comme cela est généralement le cas depuis de nombreuses années, notre voiture-restaurant est livrée avec quelques pièces de détaillage que l’acquéreur devra mettre en place. Cela concerne plus particulièrement la toiture côté cuisine sur laquelle l’on trouve les différents conduits d’aération ou d’évacuation de fumée. Ainsi, nous placerons sur la toiture les trois «chapeaux» prévus pour la ventilation qui seront fixés par une pointe de colle cyanoacrylate.

Un léger voile de patine

Toutes ces opérations réalisées, nous allons pouvoir maintenant donner à notre voiture l’aspect du temps qui passe. Ce type de matériel est généralement entretenu dans un bon état de propreté. Aussi, nos opérations de patine seront focalisées principalement sur le châssis ainsi que sur la toiture. Ainsi, après avoir installées ces quelques pièces nous allons pouvoir commencer nos opérations de patine. Elles débuteront donc par les aérateurs et cheminées de cuisine. Dans la réalité, ces éléments s’encrassent assez facilement et concentrent autour d’eux les dépôts qui émanent de l’air qu’ils évacuent.
Afin de reproduire cette réalité, nous appliquerons au pinceau une pointe de terre à décor «terre de Cassel» qui sera fixée par un voile de vernis mat en bombe. Cette opération très simple suffira à rehausser ces éléments comme vous le montrent nos photos.
Autre élément à patiner : le châssis de notre voiture et ses coffres à batteries. Ici, un mélange «d’ombre calcinée» et «d’ombre naturelle» sera utilisé et appliqué au pinceau. Un premier passage sera fait directement sur le plastique brut et fixé par un voile de vernis. Si vous souhaitez accentuer l’effet de la patine, une deuxième couche de terre à décor pourra être directement appliquée sur la première. Attention au dosage car dans ce cas l’effet est beaucoup plus soutenu. Un nouveau voile de vernis mat fixera le tout. Les bogies seront traités séparément en prenant soin de retirer les essieux. Les flancs des roues seront traités de façon habituelle, une couche de terre à décor appliquée directement sur un voile de vernis mat encore humide. Les bandes de roulement devront ensuite être nettoyées à l’aide d’un Coton-Tige, imbibé d’alcool à brûler.
Ainsi traités, les bogies seront maintenant remontés sur le châssis ainsi que l’aménagement intérieur sans oublier de replacer le lest dissimulé entre le châssis et l’aménagement.
Vous pouvez alors remonter définitivement votre voiture-restaurant en reproduisant à l’inverse la méthode de démontage, toiture, vitrage, etc. Votre voiture-restaurant est maintenant prête à assurer un service de qualité sur vos lignes au sein de vos rames Rapide ou Express.
Ainsi s’achève notre recette du jour et ces travaux d’amélioration pour ce très beau modèle qui a circulé en réalité et pendant de nombreuses années sur les lignes de différentes régions SNCF ainsi que sur quelques lignes étrangères.
Nous vous proposons d’apprécier en quelques images et dans la mise en situation le résultat obtenu en suivant cette petite recette. Nous vous souhaitons bon courage pour cette réalisation qui, nous l’espérons, vous mettra en appétit, pour suivre de nouvelles recettes tout aussi simples de mise en oeuvre pour rendre encore plus «vrais» vos nombreux et nouveaux modèles.
A bientôt donc sur nos lignes avec de nouveaux projets.#

Infos Mat.

– Voiture restaurant type 66 Roco
Stores vénitiens Décapod réf. 1301
– Terrre à décor « terre de Cassel », « ombre calcinée », « ombre naturelle »
– Vernis mat
– Colle cyanocrylate
– Personnages assis
– Papier absorbant
– Carte plastique transparente ou rhodoïd
– Coton tige
– Alcool à bruler

Peintures Humbrol :
– Rouge écarlate mat (rouge vif) n°60
– Blanc mat n°34
– Noir mat n°33
– Jaune pâle (Lin) mat n°74
– Gris vert (vert olive clair mat) n°86
– Aluminium n°11

Géry Nolan

Géry Nolan

Auteur, spécialité composition de train et matériel roulant